Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 231]

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vériques et aux gaz irrespirables et peut-être explosifs provenant de l'incendie de la fosse 3 et aspirés par le ventilateur de la fosse 4. Puis, rappelé à Paris par M. le ministre des travaux publics, il quitta Billy-Montigny le 20 mars, rendant la direction des travaux à M. l'ingénieur en chef Léon, lequel avait pu reprendre son service le 19 mars, et auquel il recommanda encore la prudence. L'attaque directe du feu commença le mercredi 21 mars, à quatre heures du matin. Elle s'est poursuivie depuis lors sans interruption, notamment sous la direction de M. Fumât, très expert en travaux de ce genre, et qui s'était mis avec le plus louable dévouement à la disposition des ingénieurs des mines. Le 22 mars,, le personnel des ingénieurs fut renforcé par l'arrivée de M. Weiss, ingénieur des mines à Paris, mis temporairement par le ministre à la disposition de M. Léon, avec le titre d'adjoint à l'ingénieur en chef, et spécialement préposé par lui à la surveillance directe des opérations. Après quelques jours employés par M. Weiss à se familiariser avec tous les détails de l'ensemble si complexe des travaux et à discuter la possibilité de passer, soit par Joséphine, soit par Julie, avant l'extinction complète de l'incendie, M. Weiss, en présence de la diminution sensible de l'intensité du feu, proposa et fit décider la réouverture du barrage de 306, resté fermé depuis son achèvement, ainsi que la reprise, de la communication par Julie-Mathilde à 280, qui avait, le 10 mars, livré passage aux dix-sept survivants de la catastrophe et avait été, le lendemain, parcourue par MM-. Simon, dit Ricq, et Leprince-Ringuet. Le barrage fut ouvert le mardi 27 mars et, le lendemain 28, on commença l'élargissement du châssis de Julie. On poursuivait ce travail, avec une interruption de douze heures, dans la nuit du 29 au 30, motivée par l'abondance de l'oxyde de

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carbone dans le puits de sortie n° 3, quand se produisit l'apparition inespérée de treize ouvriers qui avaient vécu dix-huit jours dans le cul-de-sac Sud du puits n° 3 ou aux abords de ce puits, avaient vainement essayé de se frayer un passage par Joséphine-Caporal et Sainte-Barbe et s'étaient décidés à tenter l'évasion par Julie, le lendemain même du jour où cette communication avait été rétablie comme voie d'entrée d'air. Ce fait nouveau mit brusquement fin à la deuxième période du sauvetage, celui de la marche prudente en vue du relèvement des cadavres des victimes de la catastrophe. Troisième période : postérieure au 30 rhars. Du moment que, contrairement aux prévisions, il restait quelques chances de sauver des vivants, on put momentanément oublier la prudence que les feux avaient commandée dans la deuxième période du sauvetage. Sans souci du danger auquel on pouvait s'exposer, on organisa rapidement des explorations dans toutes les parties de la mine où il fut matériellement possible de pénétrer. On parvint, le 30 et le 31 mars, à visiter presque tous les quartiers de la fosse 3 et, le 1 er avril, on put arriver, en partant du puits 2 et en passant par le puits 3, jusqu'au puits 4. Le 2 avril, on acheva l'exploration delà fosse 3, où l'on revint toutefois le 4 et le 5 avril, pour avoir la certitude de n'y avoir laissé inaperçue aucune victime encore en vie. On aurait voulu, dès le 30 mars, rouvrir la fosse 11 et y pénétrer ; mais, d'une part, on risquait, en le faisant, de troubler l'aérage de la fosse 3, qu'il y avait une urgence particulière à explorer d'abord, et. d autre part, la Compagnie de Courrières avait cru pouvoir profiter de l'arrêt de la fosse 11 pour faire exécuter une réparation urgente à la machine d'extraction; celle-