Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 232]

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LA. CATASTROPHE DE COURRIÈRES

ci ne put être remise en état que le 1 er avril à quatre heures du soir. Ce ne fut toutefois que le lundi 2 avril au soir que l'on réussit à pénétrer dans la fosse 11 et à en commencer l'exploration, en relevant les éboulements qui partout arrêtaient les recherches. Le 4 avril au matin, la délivrance de l'ouvrier Berthon vint encore stimuler, s'il était possible, l'ardeur des sauveteurs. Mais les recherches depuis cette date n'ont amené la découverte d'aucun nouveau survivant. Elles ont, au contraire, coûté la vie, le 18 avril, malgré l'emploi des appareils respiratoires les plus modernes, à l'un des sauveteurs et montré qu'il sera impossible de relever les cadavres de quelques quartiers écartés tant que l'on n'aura pas réussi à débarrasser ces quartiers du mauvais air qui y rend l'atmosphère irrespirable. Il convient d'ajouter que, depuis le 8 avril, les ingé- nieurs des mines, dûment autorisés par M. le ministre des travaux publics, ont abandonné à la Compagnie de Courrières le soin d'assurer la remise en état des fosses sinistrées et le relèvement des nombreux cadavres qui y sont restés. Les conditions de cette remise ont été précisées dans un procès-verbal rédigé par les ingénieurs de l'Etat, ceux de la Compagnie de Courrières et les délégués à la sécurité des ouvriers mineurs des fosses intéressées. Il n'est pas encore possible d'indiquer la durée probable des opérations restant à effectuer ; il y a lieu de présumer qu'elle sera longue. III.

DISCUSSION"

DES

MESURES

ADOPTEES

POUR LE SAUVETAGE.

L'exposé qui précède rend un compte sommaire, mais exact, des conditions dans lesquelles ont été organisés les travaux de sauvetage. Il reste à la commission à examiner si les mesures adoptées étaient bien celles que

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commandaient les circonstances. Il lui a paru qu'il convenait, dans cette discussion, de faire état non seulement des observations et objections qui ont été formulées par des membres de la commission, mais aussi de celles qui ont été soulevées dans le public et qui ont été reproduites dans la presse. La commission a été ainsi amenée à discuter successivement : 1° Le principe même de l'intervention des ingénieurs de l'État dans la direction des travaux ; 2° L'abandon des tentatives de désobstruction du puits n° 3 et le renversement de l'aérage ordonné à la suite de cet abandon ; 3° La faute qu'auraient commise les ingénieurs de l'État en ne consultant les représentants des ouvriers et notamment les délégués mineurs, ni au début, ni, malgré des ordres ministériels formels, au cours de leurs opérations ; 4° La construction des barrages à la fosse n° 2 et particulièrement celle du barrage de la bowette 306 menant à Julie ; 5° La reprise, après le 30 mars, d'explorations étendues et multipliées qui avaient été abandonnées à partir du 11; 6° Les observations présentées au sujet des ouvriers qui ont pu périr dans la mine depuis la catastrophe. 1° Principe de l'intervention des ingénieurs de l'État dans la direction des travaux de sauvetage. L'intervention directe des ingénieurs de l'État à la suite de la catastrophe n'a pu être critiquée que par des personnes ignorant l'état de la législation sur la question. La procédure relative aux accidents de mines a été réglée par le titre III du décret du 3 janvier 1813. Lorsque les corps des victimes d'un accident n'ont pas pu être immédiatement retirés et, à plus forte raison, lorsqu'on ignore s'il Tome XII, 1907.

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