Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 230]

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puits de sortie. L'on se résigna, en conséquence, à fermer le 4 et le 11, comme on avait fermé déjà le 3, et à aspirer l'air par les puits 3 et 4 tirant ensemble sur le puits n° 2. L'objectif était l'enlèvement des cadavres. Or ils abondaient au puits 2, dans la veine Joséphine à 326 et dans la veine Sainte-Barbe, mais surtout dans la première. On espérait en outre, grâce à la solidité que les ingénieurs de la Compagnie attribuaient au toit de Joséphine, n'y trouver que peu d'ébonlements et arriver rapidement à rétablir une bonne voie de roulage allant en ligne directe vers le n° 3, tandis que l'on savait que la communication par Julie-Mathilde à 280 ne contenait presque pas de cadavres et était si resserrée vers la limite des champs d'exploitation des deux fosses qu'il semblait difficile de l'utiliser pour l'extraction des cadavres de la fosse 3. D'autre part, il fallait arriver rapidement au 3 pour y reconnaître le feu, supposé alors la cause principale de l'explosion, et prendre toutes, les mesures que pouvait nécessiter la situation, qui avait pu être aggravée par l'explosion, non pour sauver la mine, comme on l'a dit, mais pour poursuivre les travaux de sauvetage avec une suffisante sécurité pour les ouvriers occupés à ces travaux. Tout marcha, sinon sans difficultés, car on rencontrait plus d'éboulements qu'on ne l'avait pensé, et les cadavres répandaient une odeur insupportable, du moins sans incident de nature à faire modifier le programme, jusqu'au jeudi 15 mars. Guidés par les ingénieurs et le personnel de la mine, les sauveteurs allemands et les pompiers parisiens, munis d'appareils respiratoires, pouvaient relever des cadavres que les ouvriers locaux n'auraient pu aborder sans ces appareils. Le 15 au matin, on constata un incendie dans un treuil branché sur la voie de fond de Joséphine, à 800 mètres

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environ du puits a 2. M. Delafond, resté seul pour diriger les travaux, parce que M. Léon était tombé malade dans la nuit du 14 au 15, à la suite d'une descente trop prolongée, n'ayant à sa disposition aucune installation pour combattre immédiatement le feu par une attaque directe et considérant comme souverainement imprudent de s'avancer avec une menace pareille derrière les travailleurs, donna, dans la journée du 15, l'ordre de barrer les bowettes par lesquelles l'air arrivait ou pouvait arriver sur l'incendie. Trois barrages furent exécutés dans la bowettede 340 mètres et un quatrième dans la bowette de 306 conduisant à Julie, par laquelle on craignait également des entrées d'air dans Joséphine, à la faveur de cassures qui pouvaient exister dans le toit de cette couche. Ayant ainsi paré au plus pressé, c'est-à-dire pris des mesures radicales de nature à empêcher l'incendie de se développer, M. Delafond se demanda quelle solution définitive il devait adopter en présence de ce nouvel et si grave incident ; il consulta, le 16 et le 17 mars, des ingénieurs d'une compétence reconnue et se décida, le 17 mars, à commander les installations nécessaires pour essayer de maîtriser l'incendie et continuer, aussitôt' après, l'opération si fâcheusement interrompue par ce grave contretemps. On rouvrit les barrages pour les munir de solides portes en fer permettant de les franchir et de ne laisser passer que l'air jugé indispensable pour la respiration des ouvriers qui attaquaient le feu. On installa une canalisation d'eau sous pression. Entre temps. M. Delafond avait examiné la possibilité d'une rentrée par la fosse 11, dans la partie Ouest du champ d'exploitation de la fosse 4, notamment dans la veine Joséphine, mais il avait crudevoiry renoncer par suite des dangers qu'elle présentait pour les sauveteurs, qui auraient été exposés à la fois aux émanations cada-