Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 214]

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LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES 424 courant de l m:\500 par seconde. Les gaz explosifs ont pu former là un nouveau mélange détonant dont l'explosion a tué sur place tous les ouvriers des tailles voisines ; la flamme ravivée s'engage vers l'Est dans la montée jusqu'aux grands travaux de Joséphine, limitrophes du n°2. Elle arrive ainsi jusqu'à la voie de fond de Joséphine, au bout du recoupage de Marie, et s'étend d'une part vers le n° 2, d'autre part vers la bowette 326 en suivant Marie. Arrivée à la boAvette, l'explosion s'y détend dans les deux sens, en produisant les effets dynamiques divergents que l'on y remarque, au Nord et au Sud de Marie. Ainsi peuvent s'expliquer, par une explosion primaire dans la voie Lecœuvre, les constatations contradictoires faites au n° 3 dans la région située au Nord de Marie et dans Marie. Il faut donc supposer que l'explosion s'est propagée d'une façon tout à fait particulière, puisque au lieu de gagner le puits n° 3 par la voie directe que lui offrait la bowette 326 Nord, elle s'est arrêtée en chemin dans cette voie humide, et n'a réussi à atteindre le n° 3 qu'en passant par le détour des voies poussiéreuses de Joséphine et de Marie. Si l'explosion de la voie Lecœuvre a été au contraire secondaire, l'explosion principale qui l'a produite est venue de Marie par la bowette Nord 326, en y laissant des effets violents et très nets de son passage ; elle pénètre dans la montée de Joséphine par le trou d'aérage et par le châssis h à droite, mais non par la voie de fond à gauche qui est restée intacte {fig. 18). Or la voie de fond s'ouvre a angle très aigu sur la bowette, et son entrée est facile, tandis que l'étroit châssis A, où l'explosion a passé, est à angle droit. La voie de fond n'est d'ailleurs pas un cul-desac où la pénétration d'une explosion puisse se faire sans violence, car elle communique, par le bure de SainteBarbe, tout voisin, avec les travaux de cette veine et l'étage supérieur. Comment admettre que la chasse de

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gaz, qui a été assez violente pour produire une forte compression dans les culs-de-sac de la montée de Joséphine, n'ait pas causé de dégâts dans la voie de fond qui s'ouvre' à elle ?

FIG. 18.

Cette grave objection s'ajoute à celles que nous avons déjà faites à l'hypothèse d'une explosion secondaire : absence de cause possible dans la région douteuse de Marie, difficulté d'admettre que des gaz explosifs aient pu arriver jusqu'au fond de la voie Lecœuvre ou qu'une explosion secondaire de poussières ait pu avoir une violence aussi considérable.

Au cours de cet examen des hypothèses qui ont pu être faites sur la cause de la catastrophe, nous avons indiqué les arguments qui les appuient, aussi bien que ceux qui les combattent et dénoncent leurs points faibles. Seules les deux premières, coup de grisou et feu de Cécile, ont été écartées définitivement ; on reste donc en présence