Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 213]

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LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES

LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES

avoir pu gagner le voisinage immédiat des fronts en réduisant à un volume presque nul l'air qui occupait primitivement le cul-de-sac. Il ne semble pas qu'une pression aussi considérable ait pu se développer dans un cul-de-sac. On peut avoir une idée de la compression maxima par l'exemple d'un cul-de-sac, tout voisin du treuil Lecœuvre sur la montée de Joséphine. Ce cul-de-sac, de 30 mètres de longueur, présentait, comme nous l'avons dit plus haut, des croûtes de coke jusqu'à 5 ou 6 mètres du fond; le fond était parfaitement intact et de couleur claire ; il était visible que la flamme ne s'y était pas engagée. La compression a donc réduit l'air de ce cul-de-sac à 1 /6 environ de son volume primitif. Dans le grand cul-de-sac de la voie Lecœuvre, qui a plus de 200 mètres de long, les fronts auraient donc été protégés par un tampon de plu-

par conséquent les poussières y étaient peu abondantes. Il faut, pour finir, comparer à un dernier point de vue les deux termes de cette alternative : explosion primaire ou explosion secondaire, en examinant lequel s'accorde le mieux avec la marche générale de l'explosion dans le reste des travaux du n° 3.

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sieurs dizaines de mètres (*). Il se peut d'autre part que les poussières de la voie Lecœuvre aient été allumées par l'explosion primaire dans des conditions spéciales, dues à une compression préalable plus forte que dans d'autres culs-de-sac, étaient produit une véritable explosion, de force considérable (*'). Sur la possibilité d'une telle explosion dans un cul-de-sac peu aéré, les hypothèses sont toutes gratuites, et seules des expériences pourront fournir des données certaines. En l'admettant même, il resterait à expliquer l'éclatement des buses et la propagation spéciale de l'explosion, qui s'est faite plutôt par la parallèle que par la voie Lecœuvre, alors que dans la parallèle il n'y avait pas de roulage et que, (*) La pénétration de l'explosion dans un cul-de-sac, marquée par la limite des croûtes de coke, ne donne qu'une idée approximative de la compression qui s'y est produite, car il est probable qu'une partie de l'air qui s'y trouvait y a servi à la combustion des poussières. (**) La pénétration de l'explosion aux 5/6 de la profondeur d'un culde-sac, vérifiée dans le cul-de-sac voisin de la voie Lecœuvre, est tout à fait particulière ; dans toutes les autres régions de lamine, la pénétration observée d'après les croûtes de coke, n'a atteint que la moitié de la profondeur des culs-de-sac.

Une explosion primaire produite à front de la voie Lecœuvre arrive par le treuil et sa parallèle à la montée de Joséphine. L'explosion a dû déjà perdre beaucoup de sa violence, car le pied du treuil et celui de sa parallèle sont restés à peu près intacts entre la montée et leur première recoupe, de même que la montée de Joséphine. Dans la montée l'explosion s'étend à droite et à ' gauche (fig. 11, p. 392); à droite, elle arrive au trou de communication a avec la bowette, rencontre dans celle-ci un courant d'air frais assez fort, et les gaz de la distillation et de la combustion des poussières peuvent former là un mélange détonant. Une nouvelle explosion se serait alors produite, dont les effets se remarquent dans la bowette, mais non dans la voie de fond, qui est inclinée sur la bowette à angle très aigu en sens inverse. La bowette étant fort humide au Sud de Joséphine, où elle forme un bas-fond, la flamme s'arrête vite. L'explosion qui s'est détendue dans la bowette vers le Sud, à partir de Joséphine, a donc été assez limitée. Dans la montée de Joséphine, l'explosion trouve en face d'elle le châssis de communication h avec la bowette ; il est étroit et sans courant d'air, et offre d'ailleurs, au bout de quelques mètres, une dérivation plus large qui remonte vers les travaux du bure Ballon ; l'explosion n'y pénètre donc pas assez loin pour toucher la porte d'aérage ; celle-ci est donc défoncée seulement par le coup venu de la bowette. A gauche, dans la montée de Joséphine, la chasse gazeuse arrive jusqu'au pied du montage, qui amène un