Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 174]

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LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES

mier voyage, avait descendu M. l'ingénieur en chef Léon. Les ouvriers qui attendaient à 331 remontèrent presque tous aussitôt. On s'aperçut alors que les ravages avaient été beaucoup plus considérables à 331 qu'à 383. Aucun ouvrier de 331 ne se présentait; la bowette Nord était obstruée à quelques mètres du puits par un énorme éboulement de charbon venant de la veine Marie qui, dans cette région, est à quelques mètres au toit de la bowette. La bowette Sud était obstruée par des éboulements moins considérables, mais à peu près continus. Les premières voies de fond, Marie Est, Marie Ouest, Joséphine, étaient dans le même état. Il était impossible, d'ailleurs, de s'y engager loin à cause des gaz délétères. M. l'ingénieur en chef Léon donna d'abord l'ordre de rétablir les portes d'aérage qui séparaient le puits 11 du puits 4, l'entrée d'air du retour d'air. Puis des équipes furent organisées pour procéder au déblaiement sommaire des voies principales et pour rendre possible le passage sur les éboulements. D'ailleurs, des pointes furent faites dans les quartiers accessibles jusqu'aux endroits où les gaz délétères obligeaient de s'arrêter. Dans Marie Ouest, M. Bousquet revint d'une de ces pointes à peu près inanimé; MM. Lafitte et Dinoire père, ingénieur en chef et inspecteur principal de la Compagnie de Lens, s'avancèrent du même côté, tombèrent l'un et l'autre intoxiqués et furent ramenés à l'accrochage, où ils revinrent à eux. On n'entendait d'ailleurs aucun appel pouvant faire croire à la présence d'ouvriers encore vivants. Le travail d'avancement fut réglé par postes de six heures, chaque chantier étant commandé par. un ingénieur de la Compagnie de Courrières ou par un ingénieur d'une autre Compagnie. Le 11 au soir, à dix heures, les voies suivantes avaient été rétablies sommairement à l'étage de 331.

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Bowette Nord : on pouvait juste passer sur l'éboulement de charbon de la veine Marie. Bowette Sud : on pouvait s'avancer jusqu'à la voie de fond de Joséphine, à 300 mètres du puits. Marie Ouest : la voie de fond était accessible jusqu'à 50 mètres environ de la bowette. Marie Est et le recoupage sur Joséphine étaient réparés sommairement jusqu'à 200 mètres de la bowette. Pendant la première journée, 25 ouvriers des travaux de 331 sortirent encore vivants; 23 d'entre eux arrivèrent ensemble à l'accrochage à quatre heures et demie de l'après-midi le 10. C'étaient des ouvriers d'Amé, Eugénie et Marie deuxième branche à l'extrémité de la bowette Nord 331 . Le porion Grandamme les avait trouvés errant par groupes devant l'invasion des gaz délétères et les avait rassemblés dans la voie de fond de Marie deuxième branche : ils étaient 34 alors. Ils attendirent quatre à cinq heures sans pouvoir s'engager dans la bowette, qui était toujours pleine de fumées. Celles-ci s'avançaient d'ailleurs petit à petit vers leur refuge ; ils durent monter dans le retour de Marie, passèrent dans celui d'Amé, redescendirent à la voie de fond de cette veine et purent enfin par là pénétrer dans la bowette 331, ayant contourné le bouchon de gaz délétères qui se déplaçait vers son extrémité. La bowette était obstruée près du puits par l'éboulement de charbon de Marie. Les survivants durent donc descendre à 383 par le bure situé à 130 mètres au Nord du puits et gagnèrent l'accrochage de 383. Sur ce parcours, l'air était par endroits encore mauvais : 11 d'entre eux, dont le porion Grandamme, tombèrent en route sans que leurs camarades pussent les ranimer ; un de ces 11 cependant, Berthon Auguste, revint à lui plus tard et sortit vivant le 4 avril. Les deux autres ouvriers vivants sortis le 10 mars, Delplanque Achille et Broy Auguste, venaient de Sainte-