Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 173]

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canicien que sous l'effet d'une poussée suffisamment violente venue du puits. Elle retomba sur les taquets de sûreté. Le chef porion Douchy,en train de s'habiller pour descendre, dans un bâtiment situé à 100 mètres du moulinage, entendit un bruit « semblable à celui que fait la rupture d'une conduite à vapeur » ; se précipitant hors des lavabos, il vit une colonne de fumée qui s'élevait au-dessus du puits 11. Au puits n° 4 de retour d'air, 4 ouvriers travaillaient à changer quelques pièces du cuvelage et étaient installés sur un plancher provisoire un peu en contre-bas de la galerie du ventilateur. Ils entendirent comme un coup de canon; puis arriva une violente chasse d'air. L'un d'eux, Douai, fut projeté dans la galerie du ventilateur ; deux autres purent saisir les échelles ; quant à Douai, qui, sans feu et étourdi, ne pouvait trouver son chemin , il fut sorti par le surveillant Ruban qui vint le chercher. Le quatrième ouvrier était tombé sur des planches inférieures auxquelles il resta accroché par une jambe sans donner signe de vie. L'accès de la galerie du ventilateur et du puits fut rendu presque aussitôt impossible par l'arrivée des gaz irrespirables. Ce n'est qu'à onze heures du soir que l'on put aller chercher le corps. M. Bousquet, ingénieur de la fosse, prévenu aussitôt, fit d'abord refermer le puits n° 4 avec un plancher et de l'argile, puis dégager la cage du n° 11. En attendant que ce travail fût terminé, l'air étant redevenu respirable dans le puits, MM. Bar, ingénieur en chef de la Compagnie, Domézon, ingénieur divisionnaire, Bousquet, Douchy, chef porion, Dacheville, délégué mineur, etc., descendirent par les échelles. Au moment où ils s'y engageaient, 3 ouvriers en sortaient ; ils travaillaient dans Amé 383 et étaient remontés par le bure Lefel à 331, où ils avaient pris les échelles. Us déclarèrent que l'accrochage de 383 était en feu. Les ingénieurs et ceux qui les accompagnaient

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passèrent par les échelles devant l'accrochage 331 . Il est difficile à cet étage, dont l'accrochage n'existe que d'un côté du puits, de prendre les échelles qui sont du côté opposé ; aussi un grand nombre d'ouvriers attendaient la cage à cet accrochage; comme les trois hommes déjà sortis, tous travaillaient' à 383 et étaient remontés à 331 par le bure Lefel. Les ingénieurs leur crièrent en passant d'attendre la cage qui allait descendre, et continuèrent leur route jusqu'à 383. Us trouvèrent les hommes de l'accrochage brûlés et morts, sauf un galibot qui vivait encore, près de la bowette tournante du Sud, mais qui avait eu un bras arraché. Dans la bowette Sud, l'aérage normal s'était rétabli. MM. Bousquet, Douchy et Dacheville s'y engagent, ils trouvent à l'entrée d'Adélaïde 20 ouvriers avec le porion Dumont, qui attendaient : le mauvais air les avait empêchés jusque-là de pénétrer dans la bowette. On les renvoie à l'accrochage. M. Bousquet monte le bure d'Adélaïde à Amé; dans la voie de fond d'Amé, en haut du bure, il trouve 5 hommes asphyxiés qui vivaient encore. Il peut ranimer l'un d'eux assez pour le faire marcher seul. Il porte les autres au haut du bure, les descend par la cage et les remet en bas à des ouvriers accourus au secours. Puis il explore Eugénie à l'Est, où 2 ouvriers attendaient à front. Ils sont renvoyés à l'accrochage. Le chef porion Douchy s'était entre temps engagé dans la bowette Nord et avait trouvé à 150 mètres les 3 bowetteurs ; 2 avaient cessé de vivre, asphyxiés ; il ne put les ranimer ; le troisième respirait encore, il fut ramené au puits et ranimé. En fait, il n'y avait plus alors personne de vivant à 383 ; tous lés ouvriers survivants étaient remontés seuls à 331 par le bure Lefel, ou avaient été retrouvés par les sauveteurs. MM. Bar, Bousquet, Domézon remontèrent à 331. La cage montée aux molettes avait été dégagée et, à son pre-