Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 166]

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RIGHESSES

MINÉRALES DE

LA NOUVELLE-CALÉDONIE

Notre-Dame, qui forment deux îles à l'entrée de la baie, puis elle disparaît sous les eaux. Vers le Sud, la barrière calcaire longe le rivage à peu de distance sur une dizaine de kilomètres, puis elle paraît s'enfoncer plus avant dans l'intérieur des terres, dissimulée aux yeux de celui qui longe la côte par les massifs schisteux et éruptifs dont les contreforts s'avancent jusqu'au rivage. Mais, en remontant le cours de la Tiwaka, M. Garnier a retrouvé, à quelque 20 kilomètres dans l'intérieur, des calcaires appartenant à la même formation, bien qu'ils présentent des colorations roses et vertes, notablement différentes de celles que nous avons observées auprès de la côte ; ils constituent dans le relief du terrain un ressaut donnant lieu, sur le cours delà rivière, à une cascade d'une vingtaine de mètres de hauteur. Le prolongement vers le Sud-Est de cette ligne de calcaires paraît encore être marqué par ceux que M. Pelatan signale à Hauaïlou et par ceux que nous avons observés nous-même dans le fond de la vallée de Kouaoua ; nous ne serions d'ailleurs pas surpris que quelques-uns des sommets escarpés de cette région sédimentaire, tels que le Sphinx par exemple, fussent également calcaires. A la bande schisteuse de la rive gauche du Diahot, plus ou moins parallèle à celle de la côte Est, à laquelle elle vient d'ailleurs se souder, correspond également une ligne de roches calcaires, dominant, avec des escarpements raides et des profils caractéristiques, les mamelons schisteux. La plus remarquable de ces roches est la roche Mauprat qui s'élève à peu de distance au-dessus de l'embouchure du Diahot; elle s'aligne avec plusieurs autres roches de même caractère, dont une des plus connues est la Corne de Koumac qui domine la localité de même nom. Cet alignement calcaire se prolonge d'ailleurs sur une grande distance, d'abord sur la rive gauche de la rivière de Koumac au flanc du mont Kuamo, puis der-

FORMATIONS GÉOLOGIQUES

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rière le mont Kaala sur la rive gauche de la Iouanga ; nous avons ensuite noté la présence du calcaire en un très grand nombre, de points de la côte Ouest : au-dessus de Koné, dans la haute vallée de Népoui à Oua-Té, entre Moindou et Bouloupari, à Saint-Vincent, et jusqu'à Nouméa même. M. Heurteau n'avait pas hésité à attribuer le même âge à tous ces calcaires qu'il avait observés semblables à eux-mêmes d'un bout à l'autre de la colonie, et il en faisait un niveau de comparaison à la base des schistes feldspathiques. M. Pelatan, au contraire, sépare ces calcaires en deux groupes bien distincts : les uns, ceux du Nord de l'île, sont rangés par lui, avec les schistes argileux au milieu desquels ils apparaissent, dans l'étage supérieur du terrain primitif ou peut-être dans le silurien; les autres, au contraire, qui s'alignent le long de la côte Ouest depuis Gomen jusqu'à l'île de Mato, seraient à la partie inférieure de l'étage triasique, apparaissant eux aussi à côté de schistes, qui tantôt sont argileux et noirs, tantôt ferrugineux et à coloration brun foncé. Comme M. Heurteau, nous avons remarqué l'uniformité de caractère que présentent les calcaires d'un bout à l'autre de 1 île , qu'ils soient attribués au paléozoïque ou au trias par M. Pelatan, de même que nous avons été frappé par la régularité de leurs alignements ; ils dessinent en effet deux bandes, l'une très prolongée le long de la côte Ouest, et la seconde, plus restreinte, voisine de la côte Est, se développant depuis Kouaoua jusqu'à Hienghène, et ne constituant peut-être qu'une simple ramification de la première ; ces alignements sont d'ailleurs parallèles aux alignements géologiques généraux de la colonie. Nous avons, d'autre part, observé que la démarcation à faire dans ces calcaires pour suivre M. Pelatan conduit précisément à distinguer comme âge des affleurements