Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 167]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

326

RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

voisins comme situation géographique et se ressemblant beaucoup comme aspect ; il faudrait, en effet, séparer, d'un côté les calcaires de Houaïlou (paléozoïques) des calcaires de Kouaoua (triasiques), et, de l'autre côté, faire une coupure du même genre dans l'alignement, pourtant bien uniforme et bien net, des calcaires de la Corne de Koumac, du flanc Nord du Kaala, etc. La même difficulté se présente d'ailleurs lorsqu'il s'agit de tracer la ligne de démarcation entre le paléozoïque et le trias pour les schistes qui encaissent ces calcaires ; si la majeure partie de ceux de la région Nouméa-Bourail ont un caractère feldspathique et ferrugineux bien net, avec une division en gros bancs et une tendance à la formation de rognons, ceux qui se développent si largement dans les plaines de Poya et de Gomen (triasiques suivant M. Pelatan) en sont très différents, et se rapprochent beaucoup plus des schistes argileux que nous venons de décrire, dont ils ne se différencient guère que par l'absence à peu près complète des filons quartzeux. Nous en venons donc à nous demander si l'on n'est pas en présence d'une formation seule et unique dans l'ensemble, dans laquelle il pourrait naturellement y avoir lieu de distinguer, ici ou là, une série de périodes distinctes dans le détail, et qui aurait subi des actions métamorphiques d'un caractère différent aux deux extrémités de l'île : vers le Nord, les schistes se seraient trouvés inj ectés de quartz ; vers le Sud, au contraire, il s'y serait développé des cristaux de feldspath, et il s'y serait séparé des enduits ferrugineux. Dès lors, la longue bande calcaire qui se prolonge depuis l'île Mato jusqu'à l'embouchure du Diahot, avec un rameau latéral de Kouaoua à Hienghène, n'appartiendrait peut-être bien qu'à une seule formation ; des circonstances locales suffisant parfaitement à expliquer qu'ici le calcaire soit plus siliceux et plus dur, et là plus pur et à grain plus fin, tandis qu'ailleurs il

FORMATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

327

serait coloré de vert ou de rose au lieu d'être gris clair. La rareté des fossiles et l'espacement presque fatal des observations dans un pays où l'on est loin de pouvoir accéder partout où on le souhaiterait, rendent la solution de cette question impossible, pour le moment du moins; quelques fossiles trouvés dans la partie sud-orientale de la colonie ont conduit jusqu'ici à rapporter schistes et calcaires au trias ; le voisinage des schistes primitifs les a fait attribuer vers le Nord au primitif ou tout au moins au primaire ; mais iln'y a là que de simples hypothèses. Les seuls fossiles décrits autrefois comme primaires sont, suivant M. Garnier, une forme ayant quelque rapport avec Orthisina anomala du silurien moyen ou supérieur, des genres voisins de Leptœna, des Spirifer, et des Orthis du groupe de VOrthis lynx, provenant tous de la grauwacke de l'île Ducos, ce qui lui faisait attribuer les calcaires qui la surmontent au dévonien. M. Pelatan, au contraire, classe tous ces terrains dans le trias. Enfin M. Piroutet signale à Popidéry près de Moindou, dans les calcaires mômes, des Foraminifères [Fusulines et Nnmmulites pristina) du calcaire carbonifère. Cette dernière observation reporterait donc du trias au carbonifère les calcaires du Sud de la colonie, enlevant la seule raison que M. Pelatan ait de les séparer des calcaires du Nord, considérés par lui comme paléozoïques. Nous regardons donc comme très vraisemblable la contemporanéitéde tous les calcaires de la Nouvelle-Calédonie, ou du moins de la série des massifs calcaires puissants que nous venons de mentionner (car il peut bien y avoir, comme l'indique M. Piroutet, quelques lentilles de cipolins précambriens et quelques bancs calcaires jurassiques) ; mais, en tous cas, nous répéterons, en terminant ce quia trait à ces calcaires, qu'il est loin d'être établi qu'ils appartiennent les uns au primaire et les autres au secondaire.