Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 165]

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RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE FORMATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

L'âge de cette formation schisteuse, qui occupe en surface presque le quart do la colonie, doit être considéré comme inconnu ; on admet généralement qu'elle correspond en tout ou partie à l'ère primaire, mais on n'en a pas de preuve certaine; néanmoins une partie de ces schistes paraissent bien être sous-jacents à ceux dont quelques fossiles ont permis de fixerl'âge comme triasique. M. Piroutet les regarde comme paléozoïques et considère les phyllades de la base comme précambriens ; l'analogie assez grande qu'ils présentent par endroits avec les puissantes formations de schistes siluriens que nous avons vues en Nouvelle-Galles du Sud nous serait une raison d'accepter une assimilation avec cette formation. M. Heurteau, et aussi M. Garnier, ont décrit dans cette formation des schistes serpentineux et des serpentines : mettant à part les zones de contact des schistes et des massifs de péridotite, sur lesquelles nous fournirons quelques indications dans ce qui suit, nous n'y avons rencontré que quelques gisements de talcschistes plus ou moins compacts avec baguettes d'actinote, et, comme nous l'avons dit plus haut, des filons et des dykes de roches vertes qui sont des ophites, et des diabases ou des hypérites, très fortement altérées, différant tout à fait des serpentines par leur aspect et par leur constitution; les serpentines, c'est-à-dire les roches dérivées des péridotites de la puissante formation que nous définirons ci-après, ne nous ont paru nulle part s'intercaler dans les bancs de schistes ou les recouper à la manière de filons ou d'intrusions, mais seulement s'y superposer sous la forme de gros massifs, qui constituent la bordure de la côte Ouest et une partie de la chaîne centrale à partir du Oua-Tilou. Notons cependant que l'on nous a signalé, sans qu'il nous ait été loisible de vérifier l'exactitude de ce renseignement, l'existence de quelques îlots de serpentine avec son cortège d'argiles rouges, de grains

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ferrugineux et de quartz cariés, dans des massifs schisteux et même dans le massif des micaschistes ; ce ne pourraient être, suivant nous, que de petits massifs isolés de la grande formation serpentineuse, superposés auxschistes au même titre que tous les massifs beaucoup plus importants de la même formation qui se rencontrent dans le Nord de la colonie. C.

— MASSIFS CALCAIRES.

Pour compléter cette série sédimentaire ancienne, apparaissent, au milieu des schistes, des calcaires cristallins très siliceux, qui seraient même par places dolomitiques suivant M. Pelatan. Encaissés dans les schistes argileux dont nous avons mentionné le caractère peu résistant, ces calcaires, beaucoup moins accessibles aux effets des agents atmosphériques, doivent tout naturellement y faire saillie en présentant les formes escarpées qu'affectent fréquemment les roches de semblable nature. C'est ce qu'on observe avec beaucoup de netteté le long de la côte Est, immédiatement au Sud de Hienghène et jusque dans la baie même de Hienghène : une gigantesque barrière de ces calcaires aux profils excessivement escarpés, creusés par places de grottes et de cavernes, et noircis par l'action de l'air, se dresse sur une grande longueur à peu de distance de la côte; elle n'est coupée que par des gorges ou des ravins étroits où sont encaisses les cours d'eau qui descendent à la mer, tandis qu'à quelques kilomètres plus au Sud, là où les calcaires ne bordent plus la côte, de petites rivières, comme la Tiouaé et la Tiponite, étalent leur embouchure en des marais très étendus sur un sol uniquement schisteux. A Hienghène, la ligne de ces calcaires, qui court un peu obliquement au rivage, recoupe celui-ci pour se prolonger en mer par les deux rochers pointus des tours