Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 48]

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

DE LA SPÉLÉOLOGIE

loin, il faut s'arrêter sous un quatrième dôme, contre -une barrière de bois qui empêche de tomber dans un gouffre; d'après les explications du guide on est ici à 90 mètres

Bien que plus basse de 50 mètres, la Grande Caverne de la Speedwelt-Mine n'est pas du tout dans sa direction, et le suintement qu'elle débite n'a pas la même température, ni un aussi fort volume que le courant de Blue-John-

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mètres de l'orifice et, au-delà du précipice, la grotte se prolonge pendant 1.200 mètres ! En réalité, le baromètre ne donne à la barrière que 60 mètres de descente (altitude, 325 mètres), et j'ai estimé la distance à 300 mètres tout au plus. Là s'arrêtent tous les visiteurs, auxquels l'accès du surplus de la grotte est interdit par un propriétaire assez jaloux de sa double exploitation de fluorine et de touristes ; non sans peine, j'obtiens du gardien qu'il me laisse passer sous la balustrade de la barrière, et je descends le plus aisément

sous terre et à

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du monde dans le prétendu gouffre ; comme le montre ma coupe, il n'y a pas d'à-pic : simplement un éboulis de

pierres et de gros blocs (J), entre lesquels murmure le frais ruisselet.

'En m'aidant un peu des mains, je m'abaisse de

mètres, le long de cet escalier naturel, jusqu'à l'altitude de 295 mètres, et là, sous un cinquième dôme (K), moins élevé que les précédents, je vois le courant .d'eau s'engouffrer tout entier. dans un trou cylindrique (L), qui 30

Mine (*).

Car il faut dire que, avant de disparaître dans son puisard, le ruisselet que je viens de suivre s'est réuni à un deuxième, beaucoup plus abondant, venant d'une autre galerie qui s'élève à main gauche vers l'Ouest ; pendant 100 mètres environ je remonte cette galerie (M), assez abrupte, en escaladant les blocs qui l'encombrent, jusqu'à l'altitude de 3'25 mètres, qui est celle de la barrière dans l'autre galerie ; c'est sans doute l'une des nombreuses ramifications parcourues par lord Musgrave et ses gens ; je m'y arrête, au pied d'un escarpement (N) impossible à franchir sans aide ; mais la voûte s'élève toujours, et il est probable que par là on peut accomplir le circuit dont parle fort peu intelligiblement la brochure descriptive, et qui permet de rejoindre un des grands avens de la galerie principale.

Je n'ai pas songé à entreprendre ce parcours tout seul, et rai dû, à mon vif regret, renoncer à une investi-

m'a paru creusé à même la roche en place et large de 60 à 80 centimètres (à 60 ou 80 mètres de la barrière

gation plus complète. J'en ai vu assez cependant à Blue-John-Mine pour

" tout au plus, et non à 180 mètres, comme l'a dit l'opuscule de Royse). S'y engager est chose impraticable : l'eau occupe presque toute la section ; a-t-on jamais essayé d'y descendre après une sécheresse ? Il m'a été impossible de le savoir. Au lieu des siphons des Causses et du Karst, on se voit ici en face d'un véritable puits d'absorption comme c,eux des Katavothres du Péloponèse (Taka, le Dragon. Verzova, etc. ; V. Les Abîmes, chap. -xvm). Peut-être l'ouverture. annulaire n'est-elle que le sommet d'un aven inférieur conduisant à un autre étage de cavités. Cela serait bien curieux à vérifier. Où va cette eau? On l'ignore.

m'expliquer Son fonctionnement hydrologique et dresser

le croquis ci-joint ; ce plan et cette coupe, hâtivement relevés, sont absolument incomplets et approximatifs, schématiques en quelque sorte, mais ifs suffisent à donner idée de cette très étrange excavation ; les mesures baro-

métriques seules y présentent quelque exactitude. En réalité, la Blue-John-Mine est un labyrinthe de caverne, (*) 11 paraît que l'Odin-Mine, située plus bas et à une petite distance (450 mètres), laisse échapper un ruisseau souterrain. Je serais porté à croire que c'est celui de la Blue-John-Mine.