Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 49]

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DE LA SPÉLÉOLOGIE

APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

une superposition et juxtaposition de- grandes crevasses verticales et de galeries inclinées ; l'eau du plateau tourbeux

drainé par ce réseau paraît converger et s'engloutir en un point unique, au plus profond- du souterrain, à 90 mètres

plus bas que l'entrée. Y a-t-il d'autres absorptions anaL'affirmative semble résulter des découvertes .de nouveaux dômes, galeries, lacs et ruisseaux effectuées par les mineurs en 1877, 1880, 1886 et 1891, mais qui n'ont jamais été scientifiquement contrôlées, et dont la visite est rigoureusement défendue. Quelle est leur extension véritable ? C'est ce qu'apprendrait l'étude complète de ces très remarquables cavités. A 50 mètres au nord-est de l'entrée, un effondrement

logues dans le surplus de la mine?

superficiel du terrain dénote quelque affaissement de

voûte intérieure ; il est justement situé entre les deux branches que j'ai pu inspecter. C'est en cherchant la galène, comme à Speedivell, que les Romains, dit-on, sur les croupes des Tray-Chies , à l'altitude d'environ 385 mètres, au pied de l'escarpement du Mam-Tor, 'ont rencontré cet extraordinaire labyrinthe de fissures naturelles; tout ce réseau d'avens intérieurs, réunis à leur base par des couloirs plus ou moins .inclinés et reproduisant la disposition si curieuse des BaumesChaudes, dans la Lozère ; plusieurs de ces grandes fissures

sont intérieurement revêtues de haut en bas de stalactites de ce spath-fluor, qui a rempli, en outre, quantité de petites- crevasses du calcaire, d'où on l'extrait encore fructueusement- de nos jours; l'aspect miroitant de ces cristaux est, grâce à leurs couleurs variées, aussi séduisant que les plus riches " concrétions de calcite et,- de ce chef, la Blue-John-Mine est véritablement la grande attracT

fion de Castleton. Là, au moins, on peut contempler un spectacle original et nouveau, plus joli certes que l'intérieur de Peak-Cavern. L'extraction se fait surtout en hiver. La valeur actuelle de ce fluorure varie de 300 à

20.000 francs la tonne, selon la taille et la qualité (en moyenne 1.000 francs).

Il serait particulièrement intéressant de rechercher à Blue-John-Mine l'origine précise et le mode de dépôt des revêtements de fluorine stalactiforme des grands dômes. Cela n'a pas encore été fait avec détail, et je ne puis for'linier à ce sujet que quelques indications. Pour l'origine du fluorure de calcium, d'abord, on s'est. demandé s'il fallait la chercher dans des émanations géothermiques, profondes, ou bien dans des phénomènes -de dépôts 'et de concrétions dus à l'infiltration d'eaux superficielles chargées de fluor, ou encore dans des exsudations de la roche encaissante (hypothèse de la sécrétion latérale, de Farey et de Will. Wallace)? Les meilleurs auteurs sont partisans de l'origine profonde et métallifère : « Des filons formés, à peu près entièrement, par une ou plusieurs de ces gangues, quartz,

barytine ou fluorine, doivent être assimilés aux filons métallifères proprement dits, quant à leur mode de formation » (Daubrée, Géologie expérimentale, p. 25). « Le gisement habituel de la fluorine est la gangue de certains filons métallifères ; souvent les filons d'étain, mais surtout les filons de quartz plombifère, parfois accompagnés de barytine, qui ont été si nombreux dans l'Europe

centrale pendant le trias et l'infralias » (Fuchs et De Launay; Gîtes minéraux, t. I, p. 308 et 614-617 ; Paris, Baudry, 1893).

« La série des émissions anciennes du Beaujolais est close par de grands filons de quartz avec fluorine et barytine, qui remplissent des failles importantes et sont d'âge triasique et liasique » (De Lapparent, Traité de Géologie, 3e édit., p. 1437). De plus, il est presque universellement admis aujourd'hui qu'il y a une liaison intime entre les -phénomènes filoniens et la sortie des roches éruptives.