Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 47]

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DE LA SPÉLÉOLOGIE

APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

rocheux des Winnats, mie curiosité des environs de Castleton. La Blue-John-Mine est le gisement célèbre d'une subs-

tance dont les dépôts exploitables par grandes masses sont fort rares (e), la fluorine. Le tournage de cette pierre fragile, aux jolies transparences bleues, violettes ou rosées, est la principale industrie de Castleton, Buxton, et de leurs environs (**). On en fait des vases et bibelots d'ornement. On ,prétend même que les précieux vases Mur r hins dont

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n'en a pas été levé, non seulement bien des parties y, sont toujours inconnues, mais encore la Blue-John-Mine réserve aux géologues un admirable champ d'observa7 tions, pour l'étude exacte des rapports entre les filons métallifères, les fissures du sol et les eaux souterraines. L'entrée est entièrement artificielle : galerie horizontale pendant. 5 à 6 mètres (A, fig. 3 et 4, Pl. III), elle se continue par un escalier qui débouche au bout de quelques

marches dans une fissure verticale naturelle C, autour

parle Pline étaient en fluorine. D'ailleurs, les Romains ont connu et exploité les gisements plombifères de la région. L'Odin-Mine, toute voisine, a été creusée avant

de laquelle les degrés descendent d'environ 25 mètres (*).

l'introduction du christianisme, pour l'extraction du plomb argentifère, qu'on y exploite encore de nos jours (***).

sions,

D'après la brochure descriptive de W. Royse, qui se vend à l'entrée de la Blue-John-Mine, il paraîtrait que, les cavités naturelles s'y ramifient et s'y étendent fort loin (sur 5 kilomètres de développement??), ét qu'un certain lord Musgrave (ou Mulgrave) aurait jadis passé trois jours entiers, avec plusieurs -ouvriers, à en explorer les diverses parties sans voir la fin. Bien que je n'aie pas pu, faute de temps, visiter ces souterrains en _détail, comme je l'eusse désiré, je les ai suffisamment examinés pour me rendre compte que cette brochure est (comme toutes les descriptions que j'ai lues de la Blue-John Mine) pleine de confusions, d'inexactitudes et d'exagérations, pour me convaincre aussi qu'il reste à exécuter là une des plus curieuses investigations de cavernes de toute l'Angleterre : non seulement le plan

spath-fluor.

(*) TAYLOR (cité par le guide MURRAY, Derbyshire, p. 56; Londres, 1892) prétend même que Blue-John-Mine en serait la seule exploitation, mais FAREY (op. cil., p. 460) nomme une dizaine de mines on l'on trouve de la fluorine.

sec (au moins en été) ; cette eau, à 7°,2 C., est encore plus

Puis, une, galerie en pente très douce (the ladies' Inalle),: la promenade des dames, mais de petites dimen-

conduit au premier grand aven intérieur, la

caverne cristallisée (E), tout étincelanie de cristaux. de Son sol se trouve à 355 mètres d'altitude, c'est-à-dire à 30 mètres seulement en dessous de l'entrée. Sa voûte ne' peut .donc pas avoir 250 pieds (76 mètres) de hauteur, comme le dit le guide Baddeley (Peak-District, p. 95)

une autre estimation à 30 mètres est plus près de la vérité. Un nouvel escalier, au-dessus duquel le plafond s'abafsse fortement, -mène à un second aven (F) non moins orné,, nommé la caverne des stalactites (altitude, 345 Mètres). De tous côtés s'ouvrent de nombreuses ramifications, oit j'ai eu le déplaisir de ne pouvoir errer à ma guise. La descente continue, très commodément arrangée, jusqu'à un troisième relèvement des voûtes (la salle à manger de lord Musgrave G), au bout duquel une fissure

à main gauche laisse échapper un ruisselet (H), la première eau que l'on rencontre, tout ce qui précède étant

froide que celle de Peak-Cavern, ayant sans doute son origine à une plus grande altitude. Quelques mètres plus

(**) JANNETAZ, Diamants et pierres précieuses, p. 337; Paris, Rothschild, 1881.

(***) FAREY, General view of Derbyshire, p. 271.

(*) Et non de 55, comme le dit MAWF, (p. 74).