Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 142]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR ÉMILE BAYLE

restes d'animaux si différents de ceux d'aujourd'hui per-

figues séries de fossiles qu'il avait depuis longtemps préparées. Cette collection, qui à- son arrivée à l'École des Mines ne comprenait que quelques vitrines, remplissait main-

mettaient de remonter dans la nuit des temps, bien au-delà de la période historique, et que seuls ils pourraient peutêtre un jour jeter quelque lumière sur le grand problème de l'origine des espèces et de l'origine de la vie ! Il s'in-

téressa aussi aux détails d'organisation de ces formes si nouvelles pour lui, et je suis forcé d'avouer que quelquesunes des questions qu'il posa m'embarrassèrent fort,. comme par exemple si le nombre des cloisons des Ammonites indiquait le nombre d'années pendant lesquelles mal avait vécu. Mais, dans l'intérêt même .des collections, il importait que le point de vue philosophique ne fit pas oublier le côté

pratique et immédiatement utile de la paléontologie ; il était nécessaire de convaincre le visiteur que l'étude des fossiles était indispensable à tous ceux qui ont à fouiller le sol, soit pour l'établissement des grands travaux, soit pour

la recherche des matières utiles à l'industrie. Un hasard

heureux vint donner à notre démonstration un appui inattendu : au nombre des visiteurs (les collections étaient

ce jour-là ouvertes au public) se trouvait un homme en costume d'ouvrier, tellement absorbé dans l'examen de la collection qu'il ne fit pas la moindre attention à ce qui se passait autour de lui. Gambetta le remarqua et en fut vivement frappé ; cet incident, qui n'était pàs pour déplaire aux sentiments démocratiques de l'illustre orateur, ne fut sans doute pas sans influence sur l'impression qu'il emporta.

Les résultats de cette visite ne se firent pas attendre grâce à l'appui de la Commission du budget, l'appartement de l'Inspecteur de l'École et, peu d'années après, celui du Directeur furent annexés aux collections de paléontologie qui occupèrent dès lors tout le second étage. Quelques mois suffirent à Bayle pour étendre la collection

dans les nouvelles salles, et bientôt il put, avec un time orgueil, mettre sous les yeux des savants les magni-

tenant 17 salles représentant une superficie de près de mille mètres carrés. Par le nombre et le choix des échantillons, par leur arrangement méthodique et par les commodités qu'elle offrait à.l'étude, cette collection venait se placer d'emblée au premier rang des collections similaires.

Grâce aux indications données par Bayle, l'aménagement des salles a. été fait d'une manière essentiellement pratique ; tous les échantillons sont bien et facilement visibles, et si la division en petites salles n'a pas laissé l'architecte libre de (, faire grand », en revanche, elle a permis de multiplier les surfaces d'exposition, qui représentent la partie réellement utile des collections. Depuis, on a édifié à grands frais, et pour y installer des collections analogues, des monuments qui frappent certainement la vue par leurs dimensions et leurs proportions architec-

turales; mais si leurs grandes salles peuvent faire l'orgueil des architectes, elles font le désespoir de ceux qui vont y travailler. Au point .de vue de la commodité de l'étude et de la facilité du travail, la disposition adoptée à l'École des Mines s'est montrée et est restée infiniment supérieure. Pour bien se rendre compte de l'importance de la collection que Bayle a pour ainsi dire constituée de toutes pièces, il suffira de citer quelques chiffres : les armoires vitrées disposées tout autour des salles sont au nombre de 368, représentant une surface de 402 mètres carrés ; le nombre des vitrines horizontales est de 420, avec une surface de 241 mètres carrés, ce qui porte à 650 mètres ,,tienviron la surface totale disponible pour l'exposition des échantillons. Cette surface permet d'exposer au moins un