Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 123]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

238

ÉTUDE ADMINISTRATIVE

surprenant un ou deux mineurs, on pourrait se demander si l'habitude et l'habileté professionnelle des ouvriers ne viennent pas, dans une certaine 'mesure, corriger ce que le système a de dangereux (*). En serrant la question de près, on voit qu'on serait loin de compte. Pour se servir des chiffres, il y a ici une difficulté .particulière. Il faut,

étant donné que l'ouvrier de Rancié produit très peu, systématiquement, se garder de faire entrer -le nombre total du personnel. On aura, au contraire, une base ration-

nelle, si l'on estime le nombre d'accidents produits par rapport au tonnage extrait. Or, d'un relevé détaillé que j'ai sous les yeux, il résulte que, depuis le 1" mai 1876, jusqu'au 20 mai 1894, soit pendant 18 années, il a été abattu à Rancie 367.198 tonnes de minerai de fer, et que 40 accidents faisant 41 victimes, dont 7 tués et 34 blessés ont été constatés: Cela donne 1 accident pour

8.679 tonnes, ou 1 tué par 49.600 tonnes, ou encore 1 blessé par 10.000 tonnes. Or, pendant l'année 1892, les

mines de fer souterraines de toute la France ont fourni les chiffres suivants : extraction totale 2.951.132 tonnes, 47 accidents dont 10 tués et 37 blessés, soit 1 accident, par 63.000 tonnes, 1 tué par 295.000 tonnes, et tin blessé par 80.000 tonnes. Il suit de ces données statistiques que lés travaux de Rancie sont de six à huit fois plus meurtriers que le reste des mines de fer souterraines de la France. Tout le monde sentait Nécessité d'une rénovation. bien le besoin de mettre- un terme à une situation pareille, (*) L'éboulement en masse ayant enseveli tout le personnel de la mine de fer de Nagot, dont parle M. Haton de la Goupillière (t. II, p. 594, de son Cours d'exploitation des Mines), comme ayant eu lieu au mir siècle, et qu'il mentionne avec l'indication : Rancie, a trait ir une mine de fer existant en réalité sur l'autre versant de la vallée de Sem, en face de Rancie. Quelques galeries en sont encore accessibles.

SUR LES MINES DE RANCI

239

et tout particulièrement les ingénieurs du Corps des Mines qui avaientsuccédé à François. Parmi eux, M. Mussy, dont les travaux sur l'Ariège et, en particulier, sur Rancie, ont fait époque, s'y attacha avec une énergie et

une ténacité gni n'ont eu d'égales que les résistances qu'elles ont suscitées. M. Mussy était arrivé à Vicdessos à peu près à l'époque -

oit les traités de commerce (1860) venaient de lancer l'industrie française dans un é voie hardie qu'elle a, en somme, parcourue avec-succès. Les maîtres de forge de la région pyrénéenne- avaient de suite sollicité la bienveil-

lance du pouvoir central, pour qu'il usât de toute son influence afin d'arriver à réduire les prix des matières premières. M. Massy fut invité officiellement à étudier ce

qui pourrait être fait dans ce sens pour Rancie. Il faut entrer ici dans MS détails.

Tous les vieux niveaux par lesquels le gîte avait été successivement attaqué, depuis le sommet de la montagne,

étaient abandonnés, et les chantiers en activité étaient concentrés soit au-dessus, soit au-dessous de la galerie dite de Sainte-Barbe, située à 200 mètres environ audessus du village de Sem, et non munie de voie ferrée, bien entendu, car c'eût été un moyen de réduire le personnel en facilitant le transport. Au débouché de cette galerie ouverte vers 1848, sur de vieux travaux d'affleurement, était la place de vente du minerai, avec ces petites baraques personnelles à chaque mineur prévues par les articles 81 et suivants du règlement de 1843 et qui semblaient les alvéoles étranges d'un nid de termites. Une seconde galerie dite de Becquey atteignait le gîte après 360 mètres de percée à travers bancs ; c'était la galerie d'écoulement ; elle débouchait

à 34 mètres du village. L'extraction se faisait uniquement par Sainte-Barbe, et les chantiers les plus bas se trouvaient à environ 40 mètres en contre-bas de la