Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 122]

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ÉTUDE ADMINISTRATIVE

SUR LES MINES DE RANCI

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plus la peine de réunir la Commission annuelle des prix. Les mineurs vendent le lainerai ce qu'ils peuvent. Si la misère dominait déjà, quand les prix payés étaient en fait supérieurs au prix officiel, qu'a-t-élle dû devenir alors que le contraire s'est établi ?

»d'emplacements, y placer un très grand nombre de mineurs pour 'y travailler tous également, mais le moins possible.

Conséquences du règlement au point de vue de l'orga-

.lechnique. Il apparaît clairement; d'après cela, que -toute amélioration dans les méthodes, tendant à réduire la

Mais il faut faire ressortir nisation des chantiers. encore un point important,- résultat direct de l'organisation de 1833. J'ai dit que le mineur, sous son empire, est un fonctionnaire nommé à vie. Sa fonction est d'exploiter la mine de Rancié. Ils sont là 370 à400, tous égaux, tous jouis-

sant au même titre du droit au. travail, qu'on ne. s'attendait sans doute pas à voir remonter si haut dans l'histoire.. Sur la proposition de l'ingénieur, le préfet peut bien décider qu'on chômera tel ou tel jour ; mais, le jour on les chantiers seront ouverts, tous les mineurs auront le droit d'y être placés. Or, comme l'Office pourrait abattre et extraire par journée moyenne trois ou quatre fois autant que la quantité nécessaire aux seuls consommateurs possibles et dans ces dernières années, il n'y en avait réellement qu'un seul on réduira l'effet utile de chaque membre de l'Office ; on ne travaillera que 15 jours, que 12 jours, que 10 jours par mois. Il pourra même arriver ceci : et que de fois le cas ne s'est-il pas présenté pour mettre à la torture l'esprit des ingénieurs ! à la suite, soit des éboulements dont j'ai parlé plus- haut, soit de l'envahissement momentané d'une partie des travaux par la fonte des neiges, un certain nombre de chantiers sont devenus inaccessibles. Ce qu'il en reste serait, d'ailleurs, très suffisant pour le minerai à fournir, si la moitié ou le tiers de l'Office s'y employait convenablement. Mais avec une solution si simple, le reste de l'Office chômerait ; inutile d'y penser. En sorte que la direction des travaux se

trouvait en présence d'une sorte de casse-tête chinois

pouvant se définir ainsi : étant donné un petit nombre

Hostilité .de la population contre toute amélioration main-d'uvre, à faciliter le roulage et le transport, devait

être repoussée avec passion, et a priori; par la population. Et voilà pourquoi Rancié a eu le droit, jusqu'en ces dernières 'années, de se dire le Conservatoire du portage à dos et 'dela routine, en général. Voilà pourquoi l'on peut encore voir à. l'heure 'qu'il est il faudra cependant se hâter,

car, bien que ces choses-là ne disparaissent pas en un

jour, nous avons les raisons les plus solides pour les croire .aujourd'hui condamnées à bref -délai voilà pourquoi, disons-nous, l'on peut encore voir passer le porteur à dos (gourbatier), sa lampe aux dents, 90 à 100 kilogrammes

.sur le dos dans une panière reposant en haut sur ses .omoplates, en bas sur une sorte de coussin (gorp) maintenu sur les reins par deux bretelles passant sous les aisselles, monter des rampes de 25 mètres de hauteur verticale pour franchir les marches glissantes qui l'amènent à la voie de ainte-Barbe, puis, de là, plié sous ce faix, parcourir dans la même galerie tortueuse, bossue et pleine de flaques .d'eau, 600 mètres horizontalement pour arriver au jour. Conséquence au point de vue de la sécurité. sécurité, que devient-elle avec de pareils procédés ?

Et la

On a bien le sentiment qu'elle est gravement comd'Aubuisson et François nous ont déjà fait connaître ce qu'ils en pensaient, mais comme, en définipromise ;

tive, il n'y a pas eu dans les derniers temps de catastrophe

,en masse, mais presque uniquement des éboulements, Tome IX, 1896.

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