Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 302]

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596 LES SOURCES THERMALES DE NÉRIS ET D'ÉVAUX.

LES SOURCES THERMALES DE NÉRIS ET D'ÉVAUX. 597

alors des précautions spéciales pour empêcher l'intro-

duction des eaux étrangères, notamment celles

qui

peuvent provenir du terrain en temps de pluie. Des mesures répétées à diverses reprises par M. de Gouvenain, en 1866, ont donné un chiffre de 1.000 mètres cubes par vingt-quatre heures (695 litres par minute) (*), le niveau d'eau étant à 0m,16 seulement en contre-bas de la margelle du puits de César, c'est-à-dire avec plus de 4',5Q, de charge sur le griffon. Mais, par une loi générale, dont souvent on n'a pas assez tenu compte lorsqu'on a donné des jaugeages de sources sans indiquer à quel niveau ils

avaient été pris, le débit augmente très vite lorsqu'on abaisse le point d'émergence ; les pompes, qui servent à approvisionner les bassins réfrigérants, donnent facilement 1.700 mètres cubes avec un niveau d'émergence qui n'est encore qu'a 1 mètre ou 1"11,50 en contre-bas du sol

dallé du petit établissement. En épuisant jusqu'au granite, il est facile de calculer qu'on arriverait à 3 ou 4.000 mètres cubes. A Évaux, le débit total est évalué à '183 mètres cubes par vingt-quatre heures (12711,5 par minute). Le vague des observations anciennes empêche de s'en

servir pour étudier une question qui aurait son intérêt : les variations de débit périodiques ou chroniques de la source. Si, comme nous le croyons, les sources chaudes

ne sont autre chose que le retour à la surface d'infiltrations météoriques, il doit, même dans les sources les plus permanentes et alimentées par les réservoirs les plus constants, pouvoir, à la suite d'une série de saisons, ou remarquablement pluvieuses ou remarquablement sèches, se produire telle ou telle variation analogue à (1 Gomme point de comparaison, les sources de Bourbonl'Archambault en donnent 300, celles de Saint-Ilonoré (Nièvre 807; la Grande-Grille, à Vichy, 70..

celles que l'on constate si aisément chaque année dans les thermes alpestres (Ragatz, Gastein, etc.). D'autre part, on conçoit la possibilité que tel mouve-

ment du sol, éboulement, tremblement de terre, etc., puisse modifier le trajet souterrain des eaux et, par suite, leur température et leur débit. Enfin, les variations de la pression atmosphérique ne peuvent pas ne pas avoir une influence en faisant varier

la charge sur le griffon ; mais, à ce point de vue, il convient de bien préciser. En effet, une variation considérable de 2 centimètres dans la hauteur de la colonne de mercure barométrique correspond à une variation de 0m,272 dans le niveau de l'eau en charge sur le griffon ; il est donc indispensable, pour que les observations soient comparables, qu'elles soient faites l'eau étant rigoureusement au même niveau. Parmi ces diverses influences, une seule a été très

nettement constatée à Néris, c'est celle des tremblements de terre qui, en faisant vibrer le sol à distance, produisent d'abord une sorte de spasme dans les canaux souterrains, puis l'afflux brusque d'une grande masse d'eau suivie d'un arrêt, enfin une série de pulsations analogues de plus en plus faibles.

Le tremblement de terre de Lisbonne, qui s'est fait sentir dans la plupart des villes d'eaux d'Europe, a eu, à Néris et à Bourbon, des effets identiques. A Néris (d'après Boirot-Desserviers), le 1" novembre 1755,

« à onze heures du matin, une colonne d'eau

s'éleva de la source jusqu'à 3 ou 4 mètres de hauteur et s'y soutint quelques secondes. Le volume des sources dans le bassin thermal fut prodigieusement augmenté, prit une couleur laiteuse ; les fondements du puits dé Cérar furent emportés et une source nouvelle se creusa à ses pieds un bassin plus vaste et plus profond ». A Bourbon, le lor novembre 1755, des phénomènes.