Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 301]

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594 LES SOURCES THERMALES DE NÉRIS ET n'ÉvAux.

phénomène très général, des formations d'argile jaune qui doivent résulter de la circulation des eaux superficielles à son contact.

Au delà du ravin de la source, tout ce faisceau quartzeux disparaît absolument(*), et nous n'avons pu en

retrouver la trace, si ce n'est peut-être à 2 kilomètres de là, près du pont du Châtelet, qui traverse la Tardes, où l'on retrouve quelques veines de quartz pyriteux à peu près dans son prolongement en a (Pl. XXI, fig. 2). Si nous examinons maintenant la source même, nous voyons qu'elle est à quelques mètres à l'aval du filon de quartz, dans un gneiss de direction N.-S. à N. 5°E. présentant un pendage ouest. Ce gneiss, qui est peu micacé (surtout composé de quartz et de fedspath), a subi, par la circulation des eaux, un métamorphisme qui lui donne un aspect tantôt blanchâtre, tantôt rouillé. Dans ce gneiss, les Romains ont creusé une tranchée ABC (fig. 7, Pl. XX)

qui a produit un appel sur les eaux 'remontant en ab le long du filon de quartz ; ces eaux viennent en c, d, e former une série de sources qui ont une pression hydrostatique et une température d'autant plus forte qu'on est plus près du filon de quartz ( c'est-à-dire plus forte en c qu'en e). La fracture par laquelle sortent les eaux est évidemment très large ; car celles-ci se précipitent au dehors avec une abondance remarquable, dont on peut se faire une idée en essayant, au moyen de pompes, d'épuiser l'un

des griffons. D'autre part, c'est parce que cette fracture est largement ouverte et non formée d'un réseau de fissures capillaires que les eaux suivent de a en g le filon de quartz au lieu de se précipiter directement en g où la pression hydrostatique est moindre qu'en c de toute la

hauteur cg. Le fait qu'il n'y a pour ainsi dire pas de (*) A 100 mètres de l'établissement, au nord, un rocher de quartz appartenant à ce filon forme le

a

gros caillou ».

LES SOURCES THERMALES DE NÉRIS ET D'ÉVAUX.

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perte d'eau thermale vers g est d'autant plus remarquable, que la schistosité des gneiss, étant précisément dirigée suivant le plan abg, aurait pu créer une issue aux eaux. Il est possible, d'ailleurs, que les Romains aient contribué à l'empêcher par quelque barrage de défense en béton caché sous les remblais, barrage analogue à celui qu'ils avaient construit à Plombières dans un but semblable.

IIL.

PROPRIÉTÉS PHYSIQUES ET CHIMIQUES DES EAUX.

A.

Débit.

Le débit des sources de Néris, comme de celles d'Évaux,

est très considérable. A Néris, il n'existe, avant notre siècle, aucune mesure précise ; mais Michel, en 1766, et

Philippe de Montluçon, en 1786, sont d'accord (peutêtre parce qu'ils se sont copiés) pour affirmer que, même pendant les plus grandes sécheresse, la source suffisait à faire tourner sept moulins construits sur une étendue

de 500 toises. Cette observation n'a qu'un défaut, c'est que les eaux de la source, avant de faire- tourner aucun moulin, se mélangent avec un ruisseau indépendant. D'ailleurs, le nombre de ces moulins n'a, paraît-il, jamais été de plus de -quatre.

En 1822, Boirot-Desserviers évalue le volume de la source a 25 ou 30 pouces cubes ; en 1841, Falvart de Montluc, à 965 mètres cubes en vingt-quatre heures ; des

jaugeages faits en 1851 et 1854 ont donné 900 mètres cubes en vingt-quatre heures.

La disposition des lieux rend actuellement toute mesure délicate ; on ne peut guère, en effet, se placer qu'au débouché du grand aqueduc de vidange et il faut prendre Tome VII, .1895.

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