Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 290]

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572 LES SOURCES THERMALES DE NÉRIS ET D'ÉVAUX.

tion à Évaux, beaucoup plus oubliée que sa voisine. Voici le passage relatif à ces deux sources (*) Néris est un bourg en la province de Bourbonnais, qui marque avoir été autrefois quelque chose de meilleur par les vieilles et copieuses ruines qui y paraissent encore... Au milieu du fond de ce bourg sont les bains faits presque de même forme que ceux de Bourbon-l'Archambault; ils sont divisés en deux, desquels l'un est plus grand que

l'autre et le grand se vide par le petit. Il y a deux sources qui sont garnies chacune de son puits comme audit Bourbon. Mais ils ne sont pas élevés hors de l'eau ni barrés par-dessus. Il y a des degrés pour descendre audit bain; toutes les murailles en sont fort bien bâties et cimentées. Mais si montrent-elles moins d'antiquité que ne sont les vieilles ruines du bourg : de sorte que je crois qu'ils aient été rebâtis longtemps après. « En passant pays, il m'a semblé à propos de faire mention des sources chaudes d'Évos, qui sont en nombre

de deux ou trois

non adiencées ni accommodées de

bain comme les autres ci-dessus. Toutefois, elles laissent des fanges noirâtres, grasses et d'aucunement mauvaise odeur qui sont fort bitumineuses et ont encore le mélange d'un peu de soufre. Je crois qu'elles se peuvent

fort heureusement employer à la manière de celles de Barbotan en Gascogne. » En 1698, l'intendant Le Vayer, dans un mémoire sur la généralité de Moulins, destiné à l'instruction du duc de Bourgogne (1, parle des eaux d'Evaux en Combrailles, (*) Les admirables vertus des eaux naturelles de Pougues, Bourbon et autres renommées de France, par J.-B. Bourbonnais (Jean Banc), 1618. (Bibliothèque nationale, inventaire, S. 2065, p. 128. En 1646, Dubuisson Aubenay, voyageur picard, qui a consacré

une intéressante description à Bourbon-l'Archambault, ne parle pas de Néris ni d'Évaux. (**) Manuscrit à la Bibliothèque nationale.

LES SOURCES THERMALES DE NERIS ET D'ÉVAUX. 573

« qui ne- sont fréquentées que par ceux du voisinage ;

aussi leur source n'a été honorée d'aucun édifice public et n'a d'autre bassin que celui des rochers qui l'environnent. » Au XVIII' siècle, les sources de Néris continuent à être

un peu fréquentées par les gens du pays, quoique la vogue fût alors ailleurs, notamment à Bourbon-l'Archambault et, sous Louis XY, nous savons qu'il y résidait un intendant des eaux. En 1728, André Duchesne, qui les visita, put encore

voir, à côté de l'église, les débris d'une tour qui avait 24 mètres d'élévation, entourée d'un long fossé et pavée en mosaïque. Nous possédons, en outre, quelques observations faites sur les sources vers cette époque par Duclos (1670), Michel (1766), Carrère (1785), Philippe de Montluçon (1785).

Cependant la renaissance de Néris ne date que de 1819, époque où Boirot-Desserviers, inspecteur des eaux, obtint de l'État qui, depuis 1794, avait pris possession des sources, la construction d'un nouvel établissement. Jusqu'à cette époque, on n'avait pour se baigner, en dehors des antiques bassins déjà délaissés, qu'un vieil établissement tombant en ruines et des baignoires placées dans les caves des hôtels qui entourent les sources. Des anciens travaux de captage, on ne connaissait plus que le bassin situé sur la source même, tel que l'avaient décrit Nicolay et Aubry, avec trois (et non deux) puits qui l'alimentaient. Ces puits, d'après le D' Michel (1766),

s'appelaient le Grand puits, le puits de la Croix et le puits Carré ou Tempéré. Les désignations relatives à ces puits sont fort variables suivant les auteurs et difficiles à iden-

tifier de l'un à l'autre ; ce qui s'explique en partie par

l'espace restreint dans lequel ils étaient compris : à peine 15 mètres de long sur 550 de large. En 1785, Philippe de Montluçon appelle le premier, tantôt Grand puits,