Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 289]

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570 LES SOURCES THERMALES DE NERIS ET D'ÉVAUX.

LES SOURCES THERMALES DE NÉRIS ET D'ÉVAUX. 571

Au début du XVI° siècle, Rabelais (*) , dans un passage bien connu où il explique à sa façon la formation des eaux thermales, sur laquelle « un tas de fols philo-

sophes et médecins perdent temps à disputer

» , cite

Neric (Néris) avec Bourbon Lancy, Ballante, Dax, Cau-

terets, etc. Évou ou Hévaux est mentionné en 1518 par Pierre Fouschery, chanoine de Saint-Étienne de Limoges, qui y

vit « quelques bains d'eau chaude, dont l'eau sortait de la terre comme si elle eût passé par le feu. » Puis, en 1569, c'est Nicolas de Nicolay qui fait de Néris la description suivante (**)

« Les antiquités, ruines et vestiges, qui se voient encore pour cejourdhuy à Néris, ainsi nommé comme plusieurs estiment du nom de Néron, empereur de Rome, démontrent avoir anciennement été une bien belle et grande ville... On y voit, en divers endroits, sur petites

mottes élevées en façons de fort, entre ombrageuses vallées, plusieurs vestiges et ruines d'édifices et grosses murailles de briques cimentées antiques et, outre le ruis-

seau des bains à l'occident, sur une autre montagne. sont les ruines d'un autre grand château fort, de manière

que de tous côtés se voit apparence d'antiquité, voire que les habitants du lieu, en labourant la terre, y trouvent souvent des médailles d'argent et de bronze des empereurs Néron, Vespasien, d'Antonin et de Faustine...

Tirant vers la vallée, sont situés les antiques bains chauds de Néris, édifiés du temps des Romains en forme

sexagone (?) ou à huit faces, de beaucoup plus longs que larges, contenant de tout circuit 263 pieds de roi et 50 pieds au plus large, environnés par le dedans de trois (*) Liv. II, ch. xxxiii. (**) Description du Bourbonnais en 1569, réimprimée Moulins, en 1875, par le comte d'Hérisson (in-41, p. 102.

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rangs de grandes marches en degrés de pierre à la mode

d'un théâtre pour servir de sièges à ceux qui s'y baignent et y en a aussi autour des deux puits, le plus grand desquels est pareillement à six faces tenant toutefois sa forme carrée (Pl. XX, fig. 2). Cette eau résoud et mollifie toutes duretés comme gouttes noueuses, et guérit les galleux et podagres et plusieurs autres maladies... L'eau qui découle des bains fait un petit ruisseau, lequel entre vallées profondes et tortueuses après avoir fait moudre treize moulins, tournant tout court à sénestre à un quart de lieue au-dessous de Montluçon, se va dégorger dans le Cher. » Cette description de Nicolay s'applique évidemment, non aux thermes romains proprement dits, où la piscine était carrée, mais aux trois bassins supérieurs (situés sur les sources mêmes) que nous signalions tout à l'heure, d'après M. Boirot-Desserviers, bassins formant par leur juxtaposition un octogone, dont un croquis joint au texte de Nicolay (Pl. XX, fig. 2) rend l'indication très claire. Ce sont ces mêmes bassins dallés de marbre et remontant à l'époque romaine, qu'ont vus tous les voyageurs suivants et qui, plus ou moins dégradés et restaurés, ont subsisté jusqu'à notre siècle. En 1604, Jean Aubry décrit très bien cette grande piscine « traversée de plusieurs murailles en pierre de taille incrustées de marbre par-dessus et, de chaque côté, flanquées de marches ainsi couvertes en marbre ; ces mu. railles à fleur de pavé étaient couvertes pour se communiquer les eaux chaudes. »

En 1614, d'après Ferrut, les vestiges de la grandeur de Néris paraissaient encore par la magnificence des bassins d'eau chaude recouverts en marbre et par de grands aqueducs à la romaine. Puis, en 1618, Jean Banc dônne, après avoir décrit Néris de la même façon que ses prédécesseurs, une men-