Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 139]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

270 NOTICE NÉCROLOGIQUE -SUR ERNEST MALLARD."

chefs hiérarchiques. En même temps, il profitait de ses tournéespour se familiariser avec la géologie du Limousin.

Aussi, lorsque le cours de géologie et de minéralogie devint vacant à l'École des mineurs de Saint-Étienne, ce poste lui fut-il accordé par une décision du 1" février 1859. À la fin de la même année, il était élevé à la 2° classe de son grade. Quelques mois auparavant, le conseil général de la Haute-Vienne lui avait confié l'exécution de la carte géologique du département et, en '1861, l'infatigable

ingénieur se faisait donner la même mission pour la Creuse (*).

C'était de sa part un vrai courage de s'attaquer à ce territoire monotone, presque exclusivement composé de terrains cristallins, dont l'étude allait exiger des courses pénibles, dans un pays dénué de ressources, à une époque où la détermination des roches se heurtait à mille difficultés. Milliard y employait tous ses moments de loisir, intrépide à la fatigue, et attentif à ne laisser échapper aucun détail. Par moments, lorsqu'il passait à proximité du Dorat, une satisfaction lui était donnée celle de venir se retremper dans l'hospitalité de son vieux maître. L'ancien principal du collège de Saint-Amand avait pris sa retraite dans cette ville, et le brillant élève formé par ses soins se plaisait à lui apporter le témoignage de sa reconnaissante affection. Les explorations furent poursuivies jusqu'en 1867. A cette date, Mallard était en mesure d'envoyer à l'Exposition universelle la minute d'une carte au 80.000°, où toutes les variétés de granite, de schistes cristallins et de roches diverses avaient été soigneusement délimitées. Deux ans plus tard avait lieu la publication définitive de

(*) Les dates qui viennent d'être indiquées sont celles qui semblent résulter des tableaux annexés aux états annuels du personnel des mines. Mais il est possible qu'en fait Mallard ait été investi plus tôt de ce double mandat.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR -ERNEST MALLARD. 271

cette belle carte. Quant à celle de la Creuse, achevée en 1870, elle est restée inédite, le conseil général du

département ayant refusé le crédit nécessaire à l'impression. Mais le service de la Carte géologique détaillée de la France en a reçu le dépôt, et a pu l'utiliser pour la confection du tableau d'assemblage au millionième. D'autre part, elle a été communiquée à MM. Carez et Vasseur en vue de leur carte de France au 500.000°. L'un des principaux mérites que Mallard ait déployés dans l'exécution de ses travaux géologiques est la précision avec laquelle il a su distinguer, les unes des autres, les roches cristallines du Plateau central. Vingt-deux espèces différentes de masses minérales sont représentées sur ses cartes, parmi lesquelles sept variétés de granite. Le gneiss rouge a été délimité à part sous le nom de gneissite. A l'exemple de Gustave Rose et de Delesse, l'auteur a séparé le granite ancien ou primitif (granitite), caractérisé par le mica noir, d'un autre granite à deux micas, sensiblement plus récent, et ayant comme terme extrême le granite à mica blanc. Mais tandis que de précédents auteurs regardaient ce granite comme un produit de métamorphisme, Mallard a délibérément affirmé sa nature éruptive, et l'a reconnu sans hésiter comme le type d'une grande famille, comprenant depuis les pegmatites jusqu'aux leptynites à mica blanc, et intimement liée aux porphyres quartzifères. De plus, à l'encontre de Fournet, qui inclinait à en faire un épanchement tertiaire, il a démontré que son éruption devait être antérieure à la période carbonifère. La science géologique n'a pas été seule à profiter de ces explorations. En 1856, on avait repris à Vaulry, dans la Haute-Vienne, l'exploitation d'un très ancien gisement d'étain oxydé. Mallard suivait les fouilles aveC une vive curiosité. Après avoir constaté que l'apparition des filons stannifères était en relation étroite avec celle du granite