Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 262]

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HISTOIRE DE L'INDUSTRIE MINIÈRE

EN SABDIGNE.

points de repère à la surface ; ces puits verticaux correspondant à des galeries placées horizontalement dans le plan incliné du filon, dessinent eux-mêmes à la surface une série de lignes parallèles (*). Ils ont jusqu'à 100 et 150 mètres de haut ; en profondeur, de vastes excavations les réunissent aux points où le minerai était riche ; mais,

et des esclaves (*). La Sardaigne avait commencé, sous les Carthaginois, à être un lieu de déportation pour les

lorsque la veine métallifère se rétrécit, les galeries de plus en plus étroites, la suivent dans tous ses caprices. Pline l'Ancien, dans un curieux passage, plus spécialement appliqué aux mines d'or, nous a décrit ces

On a, dans ces mines romaines, retrouvé un grand nombre d'objets qui leur assignent une date, tels que des monnaies, des lampes et des outils. Par les lampes, M. Gouin a montré, qu'on pouvait distinguer plusieurs époques ; car il y en a de toutes les formes, depuis le simple godet en terre cuite avec un bec sur lequel repo-

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exploitations souterraines des Romains « A l'aide de galeries conduites à de longues distances, on creuse les monts à la lueur des lampes, dont la durée sert de mesure au travail ; et, de plusieurs mois, on ne voit le jour. Ces mines se nomment arrugies ; souvent il se forme

tout à coup des crevasses, des éboulements qui enseve lissent les ouvriers. Aussi on laisse des voûtes nombreuses

pour soutenir les montagnes. Parfois on rencontre des barrières de silex, on les brise avec le feu et le vinaigre (**).

Mais, comme, dans les souterrains, la vapeur et la fumée suffoqueraient les mineurs, ils prennent le plus souvent le parti de briser la roche à l'aide de machines armées de cent cinquante livres de fer ; puis ils enlèvent les frag-

ments sur les épaules, jour et nuit, se les passant de proche en proche à travers les ténèbres... Si le silex paraît avoir trop d'épaisseur, le mineur en suit le flanc et il le tourne.... » (XXXIII, 21). Ce travail des mines exécuté sans l'aide de la poudre devait être extrêmement pénible '; aussi n'y employait-ou guère que des condamnés (dainnati ad effodienda metalld;

(*) La planche A de l'atlas annexé au rapport de M. Sella, en 1871, montre les nombreux puits de Monteponi.

(**) Le vinaigre (résultant de l'altération du vin ) passait, d'après Pline lui-même (XXIII, 27), pour briser les rochers.

malfaiteurs

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elle continua sous les Romains, et il est assez curieux qu'aujourd'hui encore, quand on veut

dépayser un sicilien ou un italien sans le condamner précisément à la prison, on l'expédie en Sardaigne.

sait la mèche, jusqu'à la lampe romaine fermée, à une ou deux mèches et souvent enjolivée de figures. Les outils sont presque tous les mêmes : des coins à pointes et des

pics à roc de différentes dimensions et formes. On a même rencontré des squelettes de mineurs surpris par des éboulements.

Quant à la métallergie romaine,' on peut en juger par les restes d'usines que l'on a découverts. Ces usines étaient souvent établies sur l'un des rares cours d'eau qui (*) Nous possédons quelques décrets romains intéressants relatifs aux mines de Sardaigne. C'est ainsi qu'en 369 Valentinien ordonne que les navires abordant la Sardaigne payent,cinq sous pour chaque mineur qu'ils apportent. (Code de Théodose, liv. X, tit. XIX.) En 378, Valens défend l'accès de la Sardaigne aux mineurs (metallarii), ordonnant aux préfets de Gaule et d'Italie la phis grande sévérité contre qui transgresserait son édit. (Code de Théodose, Const. 9.) Cette disposition avait peut-être pour but de retenir les mineurs dans d'autres régions. D'autres du même genre, mais plus anciennes, avaient certainement été inspirées par un autre esprit. Tels cet antique sénatus-consulte (cité par Pline, XXXII', 21) défendant aux mineurs de travailler en Italie, Ou cette loi censoriale, relative aux mines d'or clictimules, dans le territoire de Vercelles, par laquelle il était interdit aux fermiers de l'État d'employer plus de cinq mille ouvriers à l'exploilion. Il y avait chez les vieux romains un préjugé contre les mines dont Pline l'Ancien s'est fait très vivement l'interprète.