Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 263]

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HISTOIRE DE L'INDUSTRIE MINIÈRE

EN SARDAIGNE.

existent encore, l'eau représentant alors la seule force motrice mécanique : on en a trouvé à Villamassargia,

Indépendamment de l'argent, il est d'ailleurs certain que les Romains cherchaient le plomb; l'usage qu'ils en faisaient pour leurs conduites d'eau, pour les revêtements intérieurs de leurs maisons à Rome, à Pompéi (*), en est une preuve. L'existence des saumons de plomb marqués au nom de l'empereur, la rareté des litharges (oxydes de plomb), dans les dépôts de scories, le nom mêMe d'une ville romaine du district d'Iglesias (Plumbea) le montrent

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Domus Noyas, Flumini Maggiore, etc. Là on devait fondre .dans des fours à manche avec quelque machine soufflante. Mais il existe également de nombreuses usines dans des endroits presque arides, au voisinage immédiat des filons exploités (*). Arenas, il y avait des fours très multipliés, chacun très petit, formé d'un parallélipipède de 01,40 de côté, construit en granit à l'extérieur, en quartzite au contact de la flamme ; près de chacun d'eux, il restait de petits monceaux de scories de deux ou trois tonnes. De même à Carcinadas, où l'on a pu recueillir des saumons de plomb portant une inscription du temps d'Adrien

Cs. Eadr. Aug.

Ces usines si nombreuses, indiquent un mode de travail analogue à celui que l'on suivait en Amérique, avant la conquête espagnole ; on devait se placer en forêt, à proxi, mité du combustible. L'analyse des scories et lingots dé plomb qu'on y trouve, montre quetron cherchait surtout

l'argent. En effet, les lingots de plomb en retiennent à peine 1 gramme aux 100 kilog., avec des minerais qui devaient en contenir jusqu'à 2 et 300 ; il est donc certain que l'opération de la coupellation qui permet d'extraire l'argent du plomb brut était poussée à un grand degré de perfection; par contre, la première opération métallur. gigue qui a pour but de tirer ce plomb brut encore argentifère du minerai, était assez maladroitement conduite, car les scories qui en sont le résidu, retiennent jusqu'à 25 et 30 p. 100 de plomb avec 70 à 100 grammes d'argent aux 100 kilog. de plomb, c'est-à-dire au moins un tiers de perte. (*) A Rio Tinto, de même, on a remarqué que les usines romaines ne recherchaient pas le voisinage des cours d'eau. La force motrice nécessaire pour souffler le foyer était donnée à un prix suffisamment bas par les esclaves.

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Également.

D'ailleurs, Pline nous renseigne à ce sujet. Dans un premier passage où il rapproche l'étain et le plomb sous les noms de plomb blanc et plomb noir ("*), il nous indique l'origine du plomb noir : soit un filon qui lui est propre, lequel alors ne contient que du plomb, soit un filon qui lui est commun avec l'argent. Un peu plus loin, il nous dit le prix du plomb : 7 deniers la livre (5',74), et il en distingue trois variétés : plomb d'Ovète, plomb de Caprarie, plomb d'Oléastre ; puis il nous parle de ses usages en. tuyaux., en lames, de ses applications en médecine, de la prépai-ation de la céruse (***) et de celle du minium , « avec lequel on peignait, dit-il, la face de la statue même de Jupiter et le corps des triomphateurs, cette couleur étant réservée à des usages sacrés (****) ».

Pour se faire une idée de l'importance des travaux romains, on a calculé que les dépôts de scories de Domus (") A Pompéi on constate souvent que les murailles avaient été garnies d'une feuille de plomb un peu écartée de la maçon-

nerie, sur laquelle avait été appliqué l'enduit destiné à être

peint à fresque. Cette disposition permettait d'éviter la détérioration des fresques par l'humidité. (**) XXXIV, 47. (*"*) XXXIV, 44.

(****) XXXIII, 36. Pline cite à ce propos Verrius, d'après lequel

Camille aurait, le jour de son triomple, subi cette bizarre opération. De semblables détails de moeurs modifient un peu l'image

qu'on est généralement porté à se faire de l'antiquité classique.