Annales des Mines (1891, série 8, volume 20) [Image 227]

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NOTE SUR L'EXPLOSION DE GRISOU

C'est dans les galeries voisines du puits que les effets mécaniques les plus violents ont été observés; dans les tailles n° 5 et n° 6, au contraire, tous les bois étaient en place, les hommes étaient tombés à l'endroit où ils travaillaient, mais c'est là aussi que s'observaient les bois carbonisés et les brûlures les plus profondes. Divers faits ont témoigné de l'extrême violence du courant gazeux : dans la taille n° 1, une pelle avait été enlevée et s'était implantée horizontalement, à la façon d'une hache, dans le montant d'un cadre. Au Voisinage du puits Verpilleux, le couvercle d'un coffre a été arraché, emporté à 30 mètres de distance, et s'est enfoncé de 3 à 4 centimètres dans le chapeau d'un des cadres de la galerie. Près de la recette du Bardot, un malheureux ouvrier avait les jambes embarrassées dans des pièces de bois quand il avait été saisi par le courant : les jambes avaient été coupées, et le tronc mutilé projeté 25 mètres en avant. Partout les flammes avaient laissé des croûtes de coke; dans certaines tailles, quelques bois en étaient couverts sur toutes leurs faces, mais le plus souvent on n'en trouvait que sur une seule, et, bien que l'opinion inverse ait été soutenue, ces dépôts se trouvaient sur la face qui regardait l'arrivée des flammes. L'épaisseur de ces croûtes de charbon à demi-carbonisé était très variable; à la taille n° 5, cette épaisseur arrivait à 35 millimètres ; elle était de quelques millimètres seulement dans les galeries de roulage éloignées des

tailles d'abatage. Il y avait donc eu, à la fois, explo-

DU PUITS VERPILLEUX.

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d'exploitation du puits Verpilleux l'ont parcouru dans son entier, comme le démontrent l'incendie allumé au

bas du plan des Flaches et celui de l'écurie de Verpilleux, à 600 et 700 mètres du point d'origine; les effets de l'explosion se sont fait sentir jusqu'au puits Jabin, où

les portes ont été ouvertes par la chasse d'air, et où deux hommes ont succombé. Au puits Saint-Louis, le courant a été assez violent pour refouler et faire rejaillir jusque par-dessus les molettes l'eau qui tombait dans le puits; le champ d'exploitation de ce puits, qui n'était séparé de celui de Verpilleux que par de simples portes, a été, du moins en partie, sillonné par les flammes et en tout cas envahi dans son entier par les gaz délétères, de telle sorte que dans toutes les galeries dépendant et du puits Saint-Louis et du puits Verpilleux, sur une superficie de près de 90 hectares, pas un être vivant, à deux ou trois exceptions près, n'a été épargné. Les fumées sont même arrivées jusque dans les travaux du puits Mars, où un ouvrier a été asphyxié, à 1.800 mètres du point origine de l'explosion.

Cette catastrophe, la plus meurtrière que les houillères françaises aient eu à enregistrer, eût été, comme on l'a vu, plus terrible encore, sans les circonstances fortuites qui avaient amené la suspension de l'extraction au puits Saint-Louis : 163 hommes de plus se seraient en

effet trouvés dans les travaux de ce puits, et il est à présumer qu'ils auraient eu le même sort que les 49 ouvriers qui y étaient descendus, et parmi lesquels deux seulement ont survécu.

sion de grisou et inflammation de poussières; les dépositions de trois des survivants ont à cet égard confirmé

IV. CAUSES DE L'ACCIDENT.

de tout point l'observation de l'état des lieux après la catastrophe. Les flammes parties de l'extrémité sud-est du champ

Il ne parait pas inutile de rappeler, à propos de cet accident, et d'ailleurs on ne saurait trop répéter, qu'il ,

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