Annales des Mines (1890, série 8, volume 17) [Image 171]

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c'est surtout en 1885 que reprennent ses grandes pérégrinations. L'année débute pour lui par un voyage en Californie , où, pour la première fois, il aborde cette Amérique du Nord, que ses rêves avaient dû bien souvent entrevoir. Après New-York, il touche successivement à Chicago, à Omaha et à Ogden City, où l'exploration des environs du Lac Salé l'amène à constater l'identité du granite des Monts Wahsatc,h avec celui de Cherbourg. Puis il va visiter les districts aurifères de Nevada et de Plaur, notamment les graviers d'alluvions de Dutch Flat, de Polar Star et de Golden River, dont il donnera plus tard un intéressant aperçu dans le Bulletin de la Société géologique de France. Enfin, après avoir consacré quelques moments aux gîtes de mercure de New-Almaden, aux mines d'argent du désert de Gilah, dans l'Arizona, et aux célèbres mines de cuivre de Copper Queen, Fuchs arrive à Guaymas, traverse le golfe de Californie, et étudie en grand détail le gisement cuivreux si curieux du Boleo, qu'il décrira également devant la Société géologique. Au retour, il s'arrête à .Denver (Colorado) pour y voir des gîtes de plomb argentifère et d'or, ainsi qu'a Pittsburg et à Oil City, où il ne manque pas de donner un coup d'il aux puits à pétrole. Après cette mission qui comblait, pour ainsi dire, les

dernières lacunes de sa carrière d'explorateur, Fuchs, revenu en France, est désigné, par arrêté du 30 mai 1885, pour faire partie du jury français à l'Exposition internationale d'Anvers , avec charge d'y représenter surtout l'exposition coloniale de la République. A cette occasion, il est admis devant la famille royale de Belgique. Mais voilà que le Congrès des prisons s'ouvre à Rome et Fuchs s'y rend, comme délégué de la France, en compagnie de M. Cheysson. Il prend une part active aux discussions, pleines d'intérêt pour un esprit aussi

porté que le sien à souhaiter l'amélioration morale des

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condamnés, et aussi bien préparé à y travailler efficacement; car, depuis longtemps, il faisait partie du conseil de la société de patronage des libérés protestants.' Le sentiment qui le faisait agir ne saurait être mieux exprimé que par la devise qu'il avait choisie, pour se conformer au règlement, dès son arrivée au Congrès : « Il faut que la justice soit complétée par la charité pour ne pas ressembler à la vengeance. » En quittant Rome, le moraliste, redevenu ingénieur, part pour la Hongrie, passe par Pesth, où se tient alors une exposition internationale, et va visiter en Transylvanie les gisements aurifères de Zalathna, où les singuliers effets du mélange de quatre peuples, Slovènes, Vala-

ques, Hongrois et Allemands , ne l'intéresseront pas moins que les particularités des filons. Il y retournera l'année suivante pour étudier les gîtes de Vulkoj et de Vünspatak, ainsi que les mines de Rota, dans le district de Schemnitz; et il saura combiner cette expédition avec une tournée en Illyrie, sans préjudice de sa visite habituelle à Cacérès. Enfin on le trouvera, au mois d'août 1886, à Nancy, exposant devant l'Association française, dans un travail remarquable de concision et de netteté, les caractères des divers gisements connus de phosphate de chaux.

À la rentrée, une nouvelle mission l'attend. Pénétré de l'importance que présentent, pour les géographes, les considérations géologiques, le général Ferrier demande à Fuchs de faire sur ce sujet quelques leçons aux officiers du Service géographique de l'armée. Une première série de sept conférences eut lieu en novembre et décembre 1886 et fut suivie, en 1887, d'une seconde série de huit. La première partie de ce cours, comprenant l'étude systématique du relief terrestre, avait été entièrement rédigée par l'auteur avec le concours de M. Rey et la publication devait avoir lieu en 1889.