Annales des Mines (1890, série 8, volume 17) [Image 170]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCHS.

le détourner d'achever sa mission par l'exploration des gîtes de fer du Cambodge. S'il eut la satisfaction d'être reçu par le roi Norodom et d'assister aux danses sacrées dont la fête du souverain était l'occasion (*), en revanche, son mal ne fit que s'aggraver. Cependant, au lieu de goûter, à son retour chez le gouverneur de la Cochinchine, un repos bien nécessaire, il reprit en avril le chemin de la France, résolu à recommencer son cours à l'École des mines juste à la date où il s'était engagé à le faire. 11 y réussit en effet, mais au prix de grandes souffrances qui le mirent longtemps dans l'impossibilité de

plan du 'réseau des voies ferrées tonkinoises. Enfin comme consécration de la part qu'il avait prise au dé-

marcher ; car il ne fallut pas moins de trois mois de soins assidus pour cicatriser les trous .cle sa jambe.

Malgré ce douloureux épisode, qui infligeait à une santé autrefois si robuste une atteinte dont elle ne devait

pas se relever, Fuchs demeura toujours très attaché à cette colonie de l'Indo-Chine, dont il avait apprécié les ressources. Plus d'une fois il souhaita d'y pouvoir retourner. Du moins on le choisit, le 6 septembre 1884, pour faire partie d'une commission chargée de définir le régime qu'il conviendrait d'appliquer aux exploitations minières de l'Annam et du Tonkin. Puis le gouvernement

ayant fondé à Paris une école coloniale, où plusieurs jeunes gens de l'Indo-Chine, notamment du Cambodge, venaient s'initier à la civilisation européenne, Fuchs fut

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nommé membre du comité des études, et chaque mois il y allait faire passer des examens. Plus tard il eut à présider la commission technique instituée pour élaborer le (*) Ces danses firent de sa part, en 1886, l'objet d'une commu-

nication à la Société philotechnique. Il avait été si frappé de cette solennité, reproduisant, en plein dix-neuvième siècle, dans leur pureté primitive, les rites de la race Kmer, qu'il voulut initier ses compatriotes à la jouissance que lui avait fait éprouver cette évocation d'un passé quinze fois séculaire. Il ne s'est pas contenté d'ailleurs de traduire ses impressions en prose et une pièce de vers sur le Râmàyana termine cette communication.

veloppement dé l'influence française en Tunisie et dans l'Indo-Chine, il reçut le titre et exerça jusqu'à sa mort les fonctions d'ingénieur-conseil des pays de protectorat. La fin de l'année 1882 le retrouve déployant une activité qu'il eût été assurément plus sage de laisser sommeiller encore. C'est ainsi qu'on le vit se joindre à une visite d'ingénieurs aux travaux préparatoires du tunnel sous-marin entre la France et l'Angleterre, puis prendre part au Congrès de l'association française à La Rochelle, où il exposa d'intéressantes observations, tant sur le régime du Mékong que sur- la station préhistorique de Soinlion-Sen au Cambodge.

Les mêmes imprudences (qu'on nous pardonne de les appeler ainsi!) se renouvelèrent de plus belle en 1883. Après une tournée en Corse et une autre en Toscane, aux mines célèbres de Monte Catini, Fuchs retourna en Espagne, puis revint en Bretagne pour donner un coup d'oeil aux travaux de La Villeder, se rendit à l'Exposition d'Amsterdam, enfin prit le chemin de la Roumanie, afin

d'y étudier des gîtes de pétrole appartenant au prince Stirbey. Cette relation lui valut, de la part de la Cour royale, un accueil particulièrement flatteur. On aime à lire, dans sa correspondance, le récit de ce gracieux épisode, où la reine, que sa conversation avait intéressée, lui fait don de la série de ses oeuvres, qui ne comprenait pas moins de quinze volumes. La vue de ce cadeau royal, porté derrière Fuchs par un domestique galonné, produit aussitôt sur les Roumains un effet d'ébahissement qui vaut au donataire, avec les témoignages du plus profond respect, la qualification plusieurs fois répétée d'Excellence.

En 1884, le travail ordinaire de Fuchs trouve à se concilier avec un voyage en Italie et en Croatie. Mais