Annales des Mines (1890, série 8, volume 17) [Image 172]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCUS.

322

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCHS.

A la fin de 1886, la mort, en enlevant M. de Chancourtois , frappa un nouveau coup dans le cercle des meilleures affections de Fuchs. Aussi, l'année suivante, ne voulut-t-il pas laisser à d'autres le soin de retracer, dans les Annales des Mines, la carrière de celui qui avait

été son maître, son chef et son ami. Il s'en acquitta avec une parfaite délicatesse d'expression, sans omettre aucun des détails de l'activité scientifique et technique de M. de Chancourtois , signalant avec une sympathie visible, mais à coup sûr désintéressée, les idées souvent originales de cet esprit ingénieux et distingué, avec lequel il se sentait plus d'une affinité. Dans cette même année 1887, Fuchs fut appelé à donner, sur place, son avis au sujet du percement de l'isthme de Corinthe, dont il décrivit ensuite, devant l'Association française réunie à Toulouse, les curieuses particularités géologiques.

L'année 1888 est marquée par la publication de la première partie de la monographie de l'or, que Fuchs et son ami M. Cumenge avaient entreprise pour l'Encyclopédie chimique de M. Fremy. Cette première partie, intitulée : Or dans le laboratoire, est consacrée à l'étude de toutes les réactions chimiques auxquelles se prêtent le précieux métal et ses composés ; elle devait être suivie d'une deuxième section, traitant du gisement de l'or dans la nature, et qui aurait emprunté une autorité particu-

lière au fait, que les deux explorateurs avaient visité presque tous les gîtes aurifères du globe. Enfin, une troisième section devait être affectée à l'exploitation et au traitement des minerais d'or. MM. Robellaz, Ch. Laforge et Ed. Saladin apportaient à MM. Fuchs et Cumenge leur concours pour la rédaction de cette oeuvre considérable.

Si la seconde partie a dû rester à l'état de projet, du moins la troisième, qui forme un volume de deux cents pages avec un grand nombre de dessins et de photographies, a paru dans les dernières semaines de 1889. Elle

323

ne peut que faire regretter davantage le coup si funeste qui, en tranchant prématurément la carrière de l'un des auteurs, a interrompu le cours d'une publication si instructive et si remplie de faits nouveaux.

C'est en 1888 que Fuchs a été appelé au Mexique. L'objet de son voyage était l'étude des mines d'or du district d'Oaxaca. Après avoir accompli cette première partie de sa mission, rendue très pénible par une succession ininterrompue d'épouvantables orages, il remonta vers Mexico, s'arrêtant à Morelos pour voir les célèbres mines d'argent de Sultepec , puis les gisements analogues de San-Francisco et de Santa-Ana. Du moins la magnificence du paysage apporta-t-elle par moments quelques compensations aux grandes fatigues de cette tournée. A son retour dans la capitale, Fuchs se vit harcelé par tous les grands propriétaires de mines du pays, chacun le pres-

sant d'aller visiter ses exploitations. Malgré son état d'épuisement, causé par les déplorables conditions matérielles dans lesquelles s'accomplissent les voyages au Mexique, il consentit à se rendre dans la Sonora. Pendant trois semaines, il lui fallut mener une véritable vie de sauvage, couchant sur la dure, voyant, après mille accidents, sa voiture se briser définitivement et ses provisions s'épuiser ; jusqu'à ce que, après avoir touché à

Hermosillo et à Ures-Arispe, il lui fût donné d'atteindre Denver, où il reprit le chemin de fer pour New-York. Certes il avait vu et appris bien des choses dans ce voyage et peut-être, dans son âme d'artiste et de poète, ne trou-

vait-il pas encore qu'il eût payé trop cher le plaisir de contempler la cime du Popocatepetl, se dressant au milieu du ciel pur des hauts plateaux mexicains. Mais tant de fatigues, alors que le .repos lui eût été si salutaire, devaient amener à brève échéance un fatal dénouement! L'Exposition universelle de 1889 ne 'pouvait manquer, comme ses devancières, de faire appel à la bonne volonté