Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 338]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

M. Et. Dupont (*), qui venait de succéder à Gruner

NOTICE HISTORIQUE.

Cl

dans les fonctions d'inspecteur, que celui-ci avait dû quitter lors de sa promotion au grade d'inspecteur géné-

ral de Ire classe. L'énergique activité et l'intelligente initiative de M. Et. Dupont, aidé par le personnel resté à Paris, surent préserver l'École, et permirent à son personnel de rendre, en outre de ses attributions normales, de réels services à la défense de la capitale. Le lendemain du jour où l'investissement avait commencé, M. Et. Dupont fut requis par le ministre des travaux publics du gouvernement de la Défense nationale, Dorian, de procéder à tous les travaux nécessaires pour préserver les collections. Les échantillons et objets les plus précieux (***), désignés par les professeurs et conser-

vateurs-adjoints des collections, furent retirés des salles où ils sont normalement placés ; ils furent déposés dans les caves dites du laboratoire qui, moyennant quelques travaux, offraient un excellent abri. Ces caves servent de support à la cour couverte des laboratoires, de 23 mètres (*) M. Et. Dupont avait abandonné, en novembre 1868, la direction de l'Ecole des mineurs de Saint-Etienne pour remplacer, dans la chaire de législation et d'économie industrielle, M. E. Lamé Fleury qui crut devoir résilier les fonctions de professeur, malgré les regrets unanimes manifestés par le conseil de l'Ecole dans une délibération spéciale, lorsqu'il fut appelé au poste de secrétaire du conseil général des mines. M. Et. Dupont, qui avait antérieurement à son arrivée à l'Ecole publié un Traité pratique de la jurisprudence des mines (2. édition, 1862, 3 vol. in-8°), a publié en 1881, dans son Cours de législation des mines (1 vol. in-8°), la partie de son cours consacrée à cette matière.

(**) Gruner avait été nommé inspecteur de l'Ecole en juillet 1862 en remplacement de Sénarmont, décédé le 30 juin 1862. (***) On disposa ainsi dans les caves : 170 tiroirs de la collection de minéralogie, avec les instruments du laboratoire de minéralogie; 70 tiroirs de la collection de géologie ; 980 tiroirs et 100 grandes

caisses de la collection de paléontologie; divers modèles de la collection des machines.

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de long sur 17 de large. Le sol asphalté de la cour fut de

plus blindé par une couche de terre de 1m,20 d'épaisseur. Toutes les fenêtres de la façade sud qui était parallèle au rempart le plus rapproché, fenêtres qui éclairent les salles de collection, furent blindées avec des sacs à terre. Les petites cours sur le boulevard Saint-Michel et la cour en avant des laboratoires furent dépavées sur une largeur de 4 mètres le long des façades sud et ouest; les

pavés ainsi retirés furent disposés pour défendre les ouvertures du rez-de-chaussée. Pour prévenir à temps les effets possibles du bombar-

dement, on dissémina à tous les étages, sur les divers points jugés les plus exposés, 200 baquets d'un hectolitre, obtenus par le sciage de barriques vides ; ils étaient maintenus constamment remplis d'eau; des seaux en zinc

et des couvertures restaient placés à proximité de ces baquets. M. Rigout, préparateur de chimie, à ce titre logé à l'École, fut spécialement chargé de veiller à ce que tout ce matériel fût constamment tenu en état de servir

immédiatement. Deux pompes avaient été achetées et placées à l'École, avec tous leurs accessoires. En dehors du personnel des garçons de l'École, un poste de pompiers, composé de 2 sapeurs et 1 caporal, fut installé en permanence; on leur adjoignit un serrurier et un menuisier. Des rondes étaient faites d'une façon con-

tinue la nuit, d'heure en heure, dans toutes les parties des bâtiments ; chaque ronde comprenait un pompier, le

serrurier ou le menuisier, et un des garçons, délégué chacun à son tour. Le bombardement commença le 5 janvier 1871, à 8 heures du soir et dura jusqu'au 26 à minuit, soit pen-

dant vingt jours. Deux obus tombèrent sur l'École le 12 janvier. Le premier, venant de la direction de CMtalon, éclata en traversant les combles mansardés de la collection de paléontologie et vint tomber dans cette col-