Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 339]

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NOTICE HISTORIQUE. 636

L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

lection, où il brisa trois vitrines et fit deux trous au plancher (*). A ce moment la ronde de nuit circulait dans les combles supérieurs ; les trois hommes qui la compo-

saient purent, avec l'aide des baquets et couvertures, éteindre le début d'un incendie qui avait commencé par le store d'une persienne et aurait pu facilement s'étendre au reste du bâtiment. Le second obus (**) traversa à 9 heures

du soir, sans éclater, le mur sud du cabinet du professeur de minéralogie; les éclats du mur brisèrent une table et la tablette en marbre de la cheminée M. Et. Dupont ne crut pas devoir se borner à assurer la conservation des bâtiments et des collections dont il avait la garde ; il offrit, dès le 28 août, à l'autorité militaire, d'nstaller à l'École une ambulance militaire. Après entente avec elle (*"), une ambulance de 33 lits, plus spécialement destinée aux fiévreux, fut ouverte le 2 octobre dans les cinq pièces du rez-de-chaussée, sur le jardin, comprenant, en enfilade, la salle des cours, la salle du conseil et les trois pièces de la bibliothèque, le tout offrant une superficie de 197 mètres carrés. Les soins médicaux étaient assurés par le médecin de l'École

des mines, le docteur Lacroix, et son adjoint, assistés

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par trois soeurs pour le service de jour, et deux infirmiers militaires du Val-de-Grâce pour le service de nuit. L'ambulance resta ouverte jusqu'au 29 janvier, date à laquelle l'administration invita le directeur intérimaire à préparer

la reprise des cours. Dans ces 117 jours, l'ambulance avait reçu 227 soldats malades dont '13 seulement, soit moins de 6 p. 100, succombèrent. Ce chiffre, notablement inférieur à ceux des autres ambulances parisiennes, témoigne de la bonne organisation donnée à ce service,

comme se plut à le reconnaître officiellement le ministre des travaux publics ; il tient aussi aux excellentes conditions qu'offraient des salles hautes, vastes, et tenues constamment à une température moyenne de 15°, grâce au maintien en activité du calorifère, sans que le

budget de l'École en fût grevé en rien, par suite d'un marché à forfait qui avait été passé avant les événements avec l'entrepreneur de chauffage. En dehors de l'ambulance, l'Ecole fournit au ministère de la guerre des magasins pour y déposer, en septembre, 200 quintaux de sel; en décembre, la commission d'armement disposa de deux pièces des salles de dessin pour y installer des travaux d'ajustage exécutés sous la direction de l'armurier Claudin.

M. Et. Dupont, avec le concours de M. Moissenet, (*) Les avaries subies par le plancher sont encore visibles aujourd'hui, vers l'angle nord-ouest de la salle de collection ; les débris de l'obus sont conservés.dans une armoire vitrée près du point où il est tombé. (**) Conservé dans le cabinet de l'inspecteur de l'Ecole. (***) L'autorité militaire, qui tenait tout d'abord à ne pas disséminer ses ambulances, avait commencé par décliner ces offres.

Mais au milieu de septembre, poussée par les nécessités, elle les accepta, proposant de rembourser les frais de nourriture et de médicaments si l'École fournissait la literie, le linge et le matériel. M. Et. Dupont put, en s'adressant notamment aux ingénieurs des mines en résidence à Paris et aux employés de l'École, se procurer la literie; le linge et les vêtements furent fournis, grâce à l'obligeant intermédiaire de M. l'inspecteur général de Billy, par la Société de secours aux blessés.

résidant à l'École comme directeur du laboratoire, s'était,

en outre, mis à la disposition de l'autorité militaire qui accepta leur offre de construire une vaste poudrière (*), (*) Cette poudrière était formée de deux chambres souterraines,

en prolongement l'une de l'autre, l'une de 53 mètres et l'autre de 35 mètres de longueur, formées par des cadres en bois de charpente de 8 mètres de largeur, avec un recouvrement de terre de 2m,50, sur lequel, dès le commencement du bombardement et en raison de la force de pénétration des obus prussiens, on jugea prudent d'ajouter immédiatement une couche de pavés. Le tout

était recouvert d'une charpente en voliges légères revêtues de carton bitumé.