Annales des Mines (1887, série 8, volume 12) [Image 280]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

DE M. P, LUUYT.

500

501

DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

Il avait été élevé au grade d'inspecteur général de

re classe le 29 mars dernier.

Dans le cours de sa carrière, M. Luuyt a rempli de

DISCOURS DE M. RATON DE LA GOUPILLIÈRE Inspecteur gén6ral des mines, professeur à l'École nationale des mines, AU NOM DE L'ÉCOLE NATIONALE DES MINES.

nombreuses missions comme membre du jury des expositions industrielles de Londres, de Stockholm, de Paris,

et comme délégué à la conférence internationale

de

Berne en 1882. Il était membre de la commission centrale

des machines à vapeur et du comité de l'exploitation technique des chemins de fer, président de la commission spéciale de la carte géologique détaillée de la France et officier de la Légion d'honneur. M. Luuyt était arrivé à l'une des plus hautes positions du corps des mines. Homme du monde, doué d'un carac-

tère aimable et bienveillant, il s'était attiré de nombreuses sympathies. Il possédait toutes les jouissances du coeur et d'un juste amour-propre satisfait. Heureux dans ses enfants, entouré de leur tendresse et de leur respect, il aurait eu en partage tous les bonheurs qu'il est possible de goûter ici-bas, s'il n'avait eu à pleurer prématurément la compagne de sa vie. La douleur de se séparer de ceux qu'il aimait et qu'il laisse après lui, a été adoucie par l'espoir d'être réuni à celle qu'il n'a jamais cessé de regretter. Il nous a quittés, mais son souvenir survivra parmi nous, car nous pouvons lui appliquer ces paroles d'un général, dont la patrie s'honore « Mon Dieu, que sommes-nous sur cette terre ! Heu-

reux celui qui peut, après avoir travaillé toute sa vie, laisser un souvenir d'estime et d'amitié parmi les siens!»

Messieurs,

Le corps des mines vient de perdre un de ses membres les plus distingués ; l'École des mines un directeur éminent, aimé de tous. Esprit juste et pénétrant, coeur chaud -et chevaleresque, âme loyale, ouverte à l'amitié, caractère absolument -charmant, M. Luuyt possédait tout ce

qui attire la sympathie, tout ce qui affermit l'autorité. Les grandes situations qui ont couronné sa vie d'ingénieur n'ont pas été briguées par lui. Il a, au contraire, apporté dans sa carrière un désintéressement plus rare encore que celui de la fortune. Surpris dans sa modestie, lorsque ces honneurs sont venus le chercher, il a montré rapidement qu'il était fait pour eux.

Paul-Bernard Labrosse-Luuyt est né au Havre, le 15 décembre 1825. Sa vie officielle vient de vous être re-

tracée par une parole éloquente, et je ne saurais revenir sur cette énumération si bien remplie. Je n'en détacherai qu'une circonstance, en vous rappelant qu'il a commencé sa carrière,- comme il l'a finie, dans les Écoles. Il a été,

,en effet, chargé en 1850 du cours d'exploitation des mines et de préparation mécanique à l'École des mines de

Saint-Étienne. Cet enseignement était bien fait pour le préparer directement à une phase assez longue de sa vie, passée en dehors du corps.

Pendant dix ans, en effet, il est resté au service de l'industrie privée, successivement dans les mines et dans les forges. Si cet exil temporaire a eu pour effet de ralentir momentanément sen avancement, comment le