Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 217]

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GISEMENTS DE MINERAI DE FER

au castillard et de celui-ci au calcaire : tantôt, au contraire, le terrage se trouve isolé par une salbande d'argile stérile appliquée sur les parois de la roche encaissante. Les gisements en filons de la Chapelle appartiennent donc aux types des filons métalliques : la partie exploitée n'est qu'un amas résultant d'un épanouissement local du filon. Dans l'exploitation du bois de Fond-Moreau (commune

de Plou), nous avons observé (année 1876) un mode de gisement un peu différent de ceux que nous venons d'indiquer.

Il consiste en un amas lenticulaire occupant, en plan, une surface d'à peu près un hectare. Cet amas n'est pas continu; le minerai se trouve interrompu de distance en distance par de gros piliers calcaires présentant de profonds sillons, évasés à leurs deux extrémités, et se raccordant avec le toit et le mur. Le gisement forme donc une série de chambres réunies par des couloirs plus ou moins étroits, ou mieux, le remplissage d'une vaste salle dont le plafond est supporté par de grosses colonne.s cannelées. Les parois de ces chambres sont inégales, irrégulières, et offrent les traces de corrosion que nous avons déjà signalées sur les parois de toutes les cavités occupées par

le minerai. L'examen d'un puits d'extraction, que nous avons pu observer peu de temps après son fonçage, nous a montré que le minerai se trouvait encaissé dans un calcaire grenu, cristallin, saccharoïde, à cassure esquilleuse, contenant des noyaux de calcaire lithographique, et recouvert par le calcaire lacustre, facile à distinguer par ses tubulures et ses cavités vermiculaires. Le gisement de Fond-Moreau consiste donc en un amas

lenticulaire intercalé entre les bancs du calcaire jurassique, et résultant d'une action corrosive qui s'est propa

DU CENTRE DE LA FRANCE.

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gée parallèlement à la stratification : les piliers calcaires

qui réunissent le toit et le mur de cet amas sont restés comme témoins des corrosions qui ont détruit les couches jurassiques, tandis que le développement de la texture cristalline au voisinage de ces couches indique l'action des phénomènes chimiques et thermaux qui les ont accompagnées.

Ce gisement se rapproche du type des gisements en filons de la Chapelle, et diffère seulement en ce que les filons plus rapprochés sont plus développés aux dépens de la roche calcaire : il existe, entre ce gisement et celui des filons, la même relation qu'entre les gisements en poches éparses et les gisements en couches résultant de la juxtaposition de gisements en poches. Ce mode de gisement se rencontre aussi dans les exploitations de la Chapelle ; il constitue ce que les ouvriers désignent sous le nom de plot de mine: ce sont des amas lenticulaires, souvent d'une étendue de quelques ares, interrompus par des piliers calcaires plus ou moins développés, réunissant le toit et le mur. Les gisements que Gisements souterrains argileux. nous avons considérés jusqu'ici consistent uniquement en amas logés dans des cavités de roches calcaires : le remplissage de ces cavités est constitué essentiellement par des grains de minerai disséminés dans une gangue argileuse ; l'argile stérile ne s'y rencontre qu'accidentellement et toujours en proportion très minime. Dans les gisements que nous avons désignés sous le nom de gisements argileux souterrains, les amas de minerai sont au contraire subordonnés aux dépôts d'argiles sidérolithiques stériles ; celles-ci forment des nappes puissantes, au milieu desquelles le minerai se trouve

concentré par places en nids et amas irréguliers. Ces nids et amas se trouvent surtout à la partie infé-