Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 172]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. ROCHE.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. ROCHE.

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physionomie sympathique, l'excessive modestie de son

NOTICE NECROLOGIQUE SUR;

M. ROCHE, INGENIEUft DES MINES,

caractère, l'aménité et la douceur extrême de sa nature. Ses amis savent quel coeur loyal et dévoué était le sien. Roche avait le goût des voyages. L'Algérie l'avait séduit, et dès qu'il sut que le ministre des travaux publics organisait

les missions du chemin de fer transsaharien, il

s'offrit avec ardeur. Le programme était tentant : il s'agis-

Par M. ROLLAND, ingénieur des mines.

sait d'explorer le Sahara et de pénétrer ses mystères. L'idée était grande : il s'agissait de préparer à notre commerce des débouchés nouveaux et d'ouvrir à notre

Le Corps des mines porte le deuil d'un de ses plus jeunes

ingénieurs, mort glorieusement pour le pays au fond du

civilisation l'Afrique occidentale. Roche fut attaché comme géologue à la mission du colo-

Sahara. Roche (Jules) est né à Eyguières (Bouches-du-Rhône) le

nel Flatters. On sait qu'elle avait à étudier un tracé qui prolongeât la ligne de Biskra à Ouargla vers le sud, et

le 2/t février 1854. Il a fait ses premières études au col-

aboutît au Soudan entre le Niger et le lac Tchad.

lège de Tarascon et =les a terminées au lycée de Marseille. En 1872, dès sa première année de mathématiques spéciales, il fut reçu à la fois à l'École polytechnique et à l'École normale. 11 opta pour l'École polytechnique, d'où il sortit le troisième de sa promotion. Il choisit la carrière des

mines. La même année, il passa sa licence ès-sciences mathématiques. Roche visita, comme élève-ingénieur des mines, les bassins de la Loire et du Gard, puis l'Italie, l'Autriche et la

Hongrie, enfin le sud-ouest de la France, l'Espagne et l'Algérie. Il fit ces deux derniers voyages avec son col, lègue et intime ami Badoureau. Le ii avril 1878, Roche fut nommé ingénieur ordinaire de 5' classe, et, bientôt après, chargé du service du sousarrondissement minéralogique de Besançon. Le 16 mai 1879, il fut envoyé à Nice. Tous ceux qui ont connu Roche ont apprécié sa valeur, son intelligence distinguée, la variété de ses aptitudes, son esprit fin et critique, son sens droit, et, à l'occasion, son activité et sa force de volonté. Tous ont été attirés par sa

La mission quitta Ouargla le 5 mars 1880. Elle gagna El Beyyodh par Aïn. el Taïba. Le colonel Flatters fut ensuite

amené, pour nouer des relations avec le chef des Touareg Azdjer, à obliquer au sud-est vers Rhat ; il s'avança ainsi jusqu'au 26° degré de latitude environ. Puis, les négociations traînant en longueur, il rentra en Algérie. Un itinéaire différent fut reconnu au retour. D'El Beyyodh à Ouargla, Roche, son compagnon M. Béringer, ingénieur des travaux de ['État, etSon camarade M. Bernard, capitaine d'artillerie, se détachèrent de la caravane avec quelques Arabes seulement,

et explorèrent le gassi de Mokhanza dans une

volte rapide et hardie.

Rentré en France au mois de juin 188o, Roche rendit compte, dans un rapport au ministre, de la géologie et de l'hydrologie des régions parcourues. Il a consigné les principaux résultats de ses travaux dans une note à l'Académie des sciences (*) et dans un article de la Revue scientifique(**). (*) Novembre '880. (**) Numéro du 27 novembre 1880.