Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 275]

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LA MÉTALLURGIE

incontestable devient une cause de ruine. Qu'on suppose un pays comme la Suède, riche en minerais les plus propres à l'obtention des aciers fins ou communs, mais dépourvu de combustible minéral, le seul combustible qui permette les concentrations d'approvisionnements en rapport avec la capacité productrice des nouque dans ce pays, on érige des usines Bessemer, veaux appareils; outillées comme en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis, etc., ou même simplement outillées au minimum de ce que veut cette fabrication nouvelle, et on aura créé une industrie condamnée à souffrir longtemps, sinon à périr (*). Le mal grandit quand, à la disproportion entre les approvisionnements et la capacité productrice des outillages, s'ajoutent des conditions économiques qui ne permettent plus aux usines d'aborder les débouchés extérieurs. Ces difficultés se rencontrent souvent dans les districts déjà vieux dans la production du fer : jaloux de conserver une industrie autrefois prospère, ils transforment leurs usines; la production s'y développe avec les outillages perfectionnés, mais les débouchés intérieurs ne suffisent plus et

l'exportation est difficile, quand elle n'est pas défendue par le régime douanier de pays qui l'appelaient naguère. Le second des faits que nous étudions la création de nouveaux centres de production, - a beaucoup aggravé ces premières difficultés depuis dix ou quinze ans. Les chemins de fer que de grands pays, comme la Russie et les États-Unis, ont commencé par con-

struire avec le Matériel venu d'Europe, y ont changé bien des conditions économiques : en rapprochant les distances, ils ont rapidement provoqué la mise en valeur de ressources naturelles à peu près vierges jusque-là. Si l'on en doit juger par les derniers renseignements statistiques, la production de la fonte aux États-Unis aurait presque doublé de 1866 à 1876, en dix ans ! De / .200.000 tonnes, elle se serait élevée à 2.200.000 tonnes, c'est-à-dire au tiers de la production totale (6.600.000 tonnes) de l'Angleterre (1876) (**), presque deux fois la production totale de la France (1877). En considérant d'ailleurs, que les usines nouvelles se construisent avec tous les perfectionnements qu'une publicité incessante met à la disposition des pays les (*) État actuel de l'industrie du fer en Suède, par M. Akerman, professeur à l'École des mines de Stockholm (Revue universelle de Cuyper, mai et juin 1878).

(**) La houille et le fer dans toutes les parties du monde, par Job. Pechar. Paris 1878 (Exposition universelle).

A L'EXPOSITION DE 1878.

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plus lointains, on comprendra de quel poids ces créations récentes pèsent et pèseront sur la situation de l'industrie. En dehors de ces deux premières causes prédominantes de la

crise actuelle, il en est d'autres qui touchent plus directement

l'industrie sidérurgique, nous voulons parler des progrès si rapides aciers de la fabrication des métaux fondus (aciers Bessemer et fondus sur sole) et de leur substitution aux fers forgés et laminés. Cette substitution s'est déjà faite pour un grand nombre d'emplois; et, dans les principaux de ces emplois (rails, bandages, etc.), son premier effet a été une diminution de consommation. D'un autre côté, à mesure que les conditions techniques et économiques de ces nouveaux procédés seront mieux appréciées, il est possible que les premiers déplacements de production qu'ils ont provoqués soient suivis de transformations plus complètes dans l'industrie sidérurgique. des Le premier de ces procédés, le Bessemer, a réclamé d'abord ateliers riches, purs, manganésés: les fontes provenant de minerais Bessemer, surtout les ateliers opérant en première fusion, devaient nombreux de cette se rapprocher des gisements relativement peu dans la cornue Bessemer, de classe de minerais. L'introduction, matières premières moins choisies a été tentée de bonne heure et par l'inventeur lui-même ; plus d'un fabricant a, depuis dix ou quinze ans, varié ses dosages en vue d'économiser sur les compohardies, sants de qualité, toujours plus coûteux. Les tentatives plus positif n'ont encore donné aucun résultat faites tout récemment, préparation des des fontes communes à la comme emploi direct métaux fondus; mais il peut sortir de ces essais quelque Variante du travail dans la cornue Bessemer, étendant le champ des approvisionnements pour métaux fondus. après s'être, Les procédés de "fabrication des aciers sur sole, lui-même, limités à l'emploi de matières precomme le Bessemer mières propres à la fabrication de l'acier, emploient déjà, depuis quelques années, les compositions les plus diverses pour alliages qui n'ont plus de commun avec l'acier que le nom : on a appris, le plus facile par exemple, à voir dans la fusion sur sole le moyen riblons divers (vieux aciers, fers ou fontes) à de revivification des de consommation. Peut-être faut-il proximité des grands centres beaucoup rabattre de l'espoir de quelques personnes, à savoir : que les nouvelles fabrications finiront par employer toutes les sortes de matières premières dont se servait la fabrication des fers forgés et laminés. 11 est certain que, tels qu'ils se pratiquent aujourd'hui, variété d'alliages ces nouveaux procédés produisent déjà une

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