Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 276]

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A L'EXPOSITION DE 1878.

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LA MÉTALLURGIE

fondus, dont les compositions rappellent beaucoup des produits qu'avait appris à obtenir la fabrication du fer à la houille (méthode anglaise).

Quand on se souvient de la lutte que le fer à la houille eut à soutenir contre le fer au bois, et comment le premier a succédé au second dans la presque totalité de ses emplois, on est porté à assimiler la situation d'aujourd'hui avec celle d'alors : on est porté à

croire que les alliages ferreux fondus peuvent succéder partout aux alliages soudés. Il est cependant quelque chose qu'on ne doit pas oublier : à l'ouvraison, les alliages ferreux fondus supportent beaucoup moins la médiocrité de qualité que les fers soudés les plus ordinaires; comme conséquence de cette difficulté dans l'ouvraison les consommateurs n'utiliseront pas aussi aisément certains alliages fondus, aussi vite, du moins, qu'ils l'ont fait pour les fers soudés : pour ceux-ci, il n'y a pas exagération à prétendre que plus d'un progrès économique dans les fabrications était dû à l'habileté, chaque jour plus grande, des consommateurs à tirer parti des sortes les plus médiocres de fers soudés à la houille. Que si, en un mot, il y a quelques réserves à faire quant à la substitution générale des métaux fondus aux métaux soudés, il n'en est pas moins constant que les progrès des premiers sont assez

grands depuis quelques années pour avoir contribué beaucoup à la crise qui nous préoccupe. Le mot de révolution, si volontiers invoqué par les inventeurs, est bien ici le mot propre pour caractériser les effets de ces nouveaux procédés : l'évolution pour le moins aussi grosse de conséquences que l'a été celle qu'a produite, il y aura bientôt un siècle, l'introduction du four à puddler et du laminoir. Voilà, dans ses traits les plus saillants, l'histoire du malaise dont souffre l'industrie sidérurgique. Avons-nous besoin de rappeler, en terminant ces considérations générales, que ce malaise a succédé à la période de prospérité si brillante de 1872 à 187/1? Ces oscillations de la hausse à la baisse, l'industrie les a connues de tout temps : si leur amplitude a, cette fois, dépassé les limites ordinaires, il faut l'attribuer aux coïncidences que nous venons d'esquisser. Mais il faut se souvenir qu'en 1875, beaucoup de. per-

sonnes avaient la ferme croyance qu'on ne reverrait plus les anciens prix des métaux : or, ils sont aujourd'hui tombés à des cours qu'on n'avait jamais connus, même aux plus mauvais moments des temps passés. Il serait tout aussi téméraire de prétendre aujourd'hui au maintien prolongé des cours actuels.

Pour ce qui concerne particulièrement notre pays, la crise

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perdra plus vite de son intensité que chez quelques-uns de nos

voisins : nous sommes moins engagés, qu'eux dans un commerce promettre des débouchés illimités à tous

extérieur qui semblait les accroissements de production et qui, au contraire, les perd dont la superficie est peu à peu. Nous avons un territoire étendu, bien cultivée; elle n'attend pour cela que le loin d'être également complément de ses voies de communication : l'établissement de celles-ci, le développement agricole qui s'ensuivrait, voilà des débouchés qu'il dépend de nous de garder et qui suffiront à absorber les quelques excédants de production qu'on peut reprocher quelques années; il suffira pour cela d'un peu à nos forges depuis de prudence dans le remaniement, actuellement à l'étude, de nos tarifs douaniers. En tout cas, il y a là plus d'une raison d'espérer le retour de meilleurs jours pour une industrie où, depuis une vingtaine d'années, les chefs d'entreprises ont dépensé tant de capitaux et le personnel technique tant de travail et d'intelligence! Nous nous attacherons d'abord, dans ce qui va suivre, aux progrès de la sidérurgie; nous nous bornerons ensuite à montrer, par quelques exemples, comment cette partie de la métallurgie a réagi sur plusieurs autres branches de cet art. Observons encore que les progrès, quelque rapides qu'ils soient, ne sont pas si instantanés que, d'une exposition à l'autre, on puisse constater de grandes nouveautés ; mais ces exhibitions internationales apprennent à distinguer celles des inventions qui ont décidément réussi et à mesurer le temps qu'il leur a fallu pour cela.

La plupart des résultats industriels qu'on a constatés aux dernières Expositions universelles s'annonçaient déjà à l'Exposition de Paris en 1867, et même à l'Exposition de Londres en 1862; une revue rapide, comme celle qui nous occupe, doit surtout s'attacher à ce côté historique des procédés devenus réellement pratiques. C'est donc à ce point de vue que nous allons examiner successivement les progrès accusés par l'Exposition de 1878; ils peuvent se grouper sous les titres suivants: io Production des hautes températures, 2.° Préparation de matériaux réfractaires réclamés par ces hautes températures; 5° Construction des fourneaux de diverses sortes ; Ci° Matériel mécanique des ateliers sidérurgiques; 50 Divers modes d'essais des fers et aciers; leur classification; 6° Nouveaux procédés de fabrication et d'ouvraison des fontes, aciers et fers.