Annales des Mines (1878, série 7, volume 14) [Image 290]

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EXPLOSIONS DES GÉNÉRATEURS DE VAPEUR

l'on recueille. La fermentation terminée, le liquide s'éclaircit (quand on a opéré sur du jus de betterave) et on trouve une sorte de gomme précipitable par l'alcool, de la mannite et du sucre de lait ; la mannite peut être cristallisée par l'évaporation. Le docteur Fruhling, directeur de l'École de fabrication de Erunn'vick, appuie cette théorie, observant que la température de 30 à 35° et l'alcalinité du liquide sont nécessaires. Le docteur Dehn ajoute que c'est apparemment de l'hydrogène ou un carbure d'hydrogène qui se produit. Du reste, Scheibler admettait, en 1870, la présence de gaz des marais dans l'eau employée. En résumé, dit M. Dehn, le gaz hydrogène peut provenir de la transformation de l'acide lactique, donnant, en outre, de l'acide butyrique et de l'acide carbonique, et de l'action des acides organiques des jus sur l'eau en présence du fer ; en effet, j'ai remarqué souvent que le disque en tôle perforée des diffuseurs était rongé, comme s'il eût séjourné dans un acide. « M. Oreiller réplique qu'il employait de l'eau ayant déjà servi et refoulait avec de l'air ; l'air exerce peut-être son influence. M. Bauer prétend avoir eu des cas d'explosion, et seulement alors qu'il se servait d'air. Le docteur Barmening a eu des explosions, même en refoulant avec de l'eau. Il pense que les gaz sont composés d'hydro-

gène, de carbure d'hydrogène et aussi d'acide sulfhydrique. Il présente à cette occasion, un appareil extracteur de gaz inventé par lui. Cet appareil enlève aussi les mousses, qui seraient la cause de la mauvaise pression (circulation difficile des jus). f.

On voit qu'en Allemagne, on admet la production des gaz détonants; mais qu'on en est encore aux hypothèses sur la nature de ces gaz. »

Ces vues avaient déjà été exprimées lors de l'explosion d'une sucrerie à Saint-Hilaire-Cottes, où une batterie de cinq chaudières a été détruite. M. Le Bleu, considérant qu'il y avait eu brisure et non déchirure, ce qui ne permet pas de supposer que l'accident soit dû à un excès momentané de pression, car les tôles du générateur étaient d'une qualité suffisante, en conclut que les eaux ayant servi à la fabrication du sucre, après leur mélange avec les huiles, les graisses, les substances ammoniacales, pouvaient donner un produit détonant.

EMPLOYÉS DANS LES SUCRERIES.

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Nous faisons observer à cette occasion que la présence des gaz inflammables avait, en effet, été constatée dans des batteries de diffuseurs, c'est-à-dire dans le jus de betteraves soumis à une sorte de macération à froid en vases non hermétiquement clos, mais qu'il, ne faudrait pas en conclure que ces jus, soumis à l'évaporation, vont produire des gaz détonants. En effet, les jus qui s'évaporent fournissent surtout de la vapeur d'eau et, si quelque gaz inflammable s'y trouve, il sera mélangé d'une quantité de vapeur telle que l'inflammation n'aura pas lieu et que la détonation spontanée sera encore plus impossible. M. Le Bleu admet bien que les gaz détonants n'ont été reconnus qu'en Allemagne et dans les batteries de diffuseurs, mais que cela n'est pas en contradiction avec son

idée, attendu que, dans une fabrique de sucre telle que celle de Saint-Hilaire, toutes les substances sont absolument mélangées et introduites dans le puisard servant à l'alimentation des générateurs. Que ces Substances se trouvent dans la batterie de diffusion ou ailleurs, elles n'en ont pas moins une tendance à se combiner d'après des lois encore complétement inconnues.

Nous ne saurions admettre une aussi grande analogie entre les chaudières et les batteries de diffuseurs. En. premier lieu, les liquides du diffuseur sont froids, le gaz qui peut s'en dégager n'est accompagné que de vapeur d'eau à faible tension. Il peut être très-prédominant et s'enflammer à l'air, au contact d'un corps en ignition ; mais il diffère essentiellement du liquide des chaudières, d'abord parce que ce n'est pas le liquide même des diffuseurs qui est employé à l'alimentation ; il n'y arrive qu'accidentellenient et après avoir été dénaturé. Ce liquide sort des diffuseurs pour aller dans les récipients d'évaporation. La vapeur qu'il produit, conden4e ensuite, est la seule substance qu'ils envoient régulièrement aux réservoirs d'ali-