Annales des Mines (1878, série 7, volume 14) [Image 289]

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EXPLOSIONS DES GÉNÉRATEURS DE VAPEUR

s'y trouvent à l'état pâteux et disséminées sur tôutes les tôles. Lorsque la quantité de sirops a été considérable, on trouve, surtout dans les parties basses des corps cylindriques et des bouilleurs, une poudre noire, qui ne se mouille que très-difficilement ; cette poudre brûle lorsqu'elle a été desséchée. Le long chômage qui se renouvelle chaque année est en-

core une cause de détérioration des chaudières. On signale aussi le relâchement de la surveillance pendant la nuit, ce qui donne aux chauffeurs la facilité de surcharger leurs soupapes, etc. La surveillance administrative, qui est principalement visée, est certainement nulle pendant la nuit : le personnel disponible ne permet que de rares visites de jour, et il est impossible d'en demander la nuit, à moins de circonstances exceptionnelles ou de soupçons provoquant spécialement une visite. Nous avons exposé les causes signalées d'une façon .générale et qui nous paraissent très-motivées. M. l'ingénieur en chef Le Bleu indique une autre cause d'explosion, demandant un examen particulier. M. Le Bleu s'exprime en ces termes, dans son rapport sur les sucreries du Nord Je veux parler de la nature même des eaux d'alimentation, qui, dans les fabriques de sucre, sont toujours plus ou moins chargées de sirops, de solutions ammoniacales provenant de la fermentation des betteraves, de chaux provenant du mode de fabrication et enfin de corps gras provenant du graissage des machines et entraînées par la vapeur ou par l'eau. La réaction de ces substances les unes sur les autres donne lieu à deux sortes

de produits

i° L'un, parfaitement connu, est un savon calcaire, qui

adhère aux parois des chaudières et empêche le contact de l'eau avec le métal, de sorte que celui-ci peut rougir, tout en étant baigné par l'eau, mais non en contact avec elle. 2° Des produits gazeux, dont la nature n'est pas définie, prennent naissance dans la réaction qui s'opère. Ces gaz peuvent, dans certains cas, devenir détonants. C'est à une cause de cette nature qu'il faut attribuer la terrible explo-

EMPLOYÉS DANS LES SUCRERIES.

553 sion arrivée, le 26 décembre 1876, à Saint-Hilaire-Cottes (Pas-deCalais Cal sa

(*). production des gaz détonants dans les fabriques de sucre est, d'ailleurs, reconnue et étudiée en Allemagne, ainsi que cela résulte des comptes rendus des séances de la réunion des représentants de cette branche d'industrie. Le Journal des fabricants de sucre, notamment dans les numéros du 21 février et du ii avril 1877, a analysé les procèsverbaux de ces séances. On est encore incertain sur la nature des gaz explosifs; mais leur présence est constatée. Pour remédier aux deux causes d'accidents que je viens de signaler, il faudrait ou n'employer que de l'eau pure, ce qui augmenterait beaucoup la dépense de combustible, puisqu'on n'utiliserait plus la chaleur de condensation de la vapeur, ou procéder à une épuration préalable de l'eau d'alimentation avant son introduction dans les générateurs, ce qui n'est guère pratique, surtout en l'absence de procédé reconnu efficace pour une pareille épuration. n

,.;pans le rapport du même ingénieur en chef sur les sucreries du Pas-de-Calais, on lit l'article suivant, extrait du Journal des fabricants de sucre (11 avril 1877) La question :

« Comment expliquer la production des gaz in-

« flamrnables dans la batterie de diffusion?» a donné lieu à, de longs débats que nous résumons le plus brièvement possible, la place nous faisant défaut. Greiner, directeur de la sucrerie de Schceppenstedt, ne sait rien en dehors des deux cas d'explosion survenus chez lui (voir l'article du 6 décembre 1876); il prie les chimistes de donner des explications. Le docteur Bodenlender prend la parole: On ne peut pasdonner d'explication positive. On sait que le sucre tend à se transformer en sucre interverti, sous l'influence de l'eau. Puis il donne naissance, sous de certaines conditions, à de l'acide lactique; celui-ci se décompose, par la fermentation, en hydrogène et en acide carbonique. Or on sait que l'hydrogène et l'oxygène provenant de l'air atmosphérique forment un mélange détonant. En 1873, le docteur Scheibler exposait cette théorie : il disait qu'à la fin du dégagement de gaz, c'est surtout de l'acide carbonique que Voir Annales des mines, Or volume de 1878, p. 31/.