Annales des Mines (1878, série 7, volume 14) [Image 231]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR ABEL TRANSON.

un curieux témoignage de la marche des idées en notre siècle. Nous citons notamment les cinq discours adressés aux élèves de l'École polytechnique (*) et un discours sur

de la naissante phalange devienne plus élastique, plaider la cause des sociétaires amoureux de leur chez soi et qui, plutôt que d'y renoncer tout à fait, sacrifieraient une partie des avantages économiques de la vie commune. Les chefs au contraire résistaient à ces légitimes, mais dissolvantes

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l'éducation (**). En 1851, les discussions sur le rôle de "la femme et sur les lois qui doivent régir le lien conjugal, dont Eabolition de l'hérédité et l'éducation commune diminuaient d'ailleurs grandement l'importance, amenèrent un schisme retentis.

sant. Transon répugnait par tous ses instincts à des doctrines qui auraient conduit au relâchement deS inCeurs: après quelques fluctuations, il suivit l'exemple de Bazard et de Pierre Leroux et abandonna, au commencement de 1852, Enfantin et ses fidèles, qui s'établirent à Ménilmontant. Dès cette époque, il avait cru trouver la vérité plus entière et plus logiquement déduite dans la théorie de Fourier, et en effet, à part ce qu'il y à d'arbitraire dans le poétique développement de ses descriptions, l'éden rêvé par Fourier devient une prédiction logique si l'on admet à priori que

la fin providentielle de l'humanité est la suppression de toute souffran66"et la réalisation ici-bas d'un bonheur accompli.

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De mêMe4iie la nouvelle école Ait inférientef'ela'précédentéléence et en Vile philoSophiques,de.imême les écrits phalanstériens de Transon qui sont restés t'égalent ni l'originalité, ni la vigueur idesa prédication saint-simonienne. Des doutes, semblet-ir, vinrent l'assaillir assez promptement et s'accrurent lorgné fut tefité un essai de colonisation à Condé-sur-Vesgres, qui ne inanqua pas de se heurter à des difficultés nombreuses. "On le voit dans une correspondance partiCtilière demander que la formule (*) Ils se trouvent encore dans la librairie Capelle, rue Monsieurle-Prince. (**)4.es oeuvres de, Saint-Simon et d'Enfantin, en publicationAt la librairie Dentu, en contiennent un extrait étendu. re)lu'l

revendications.

Il se sépara du Fouriérisme en 1854, et profondément ébranlé par les déceptions de sa foi, se recueillit plusieurs années soit à Versailles, soit à Paris, plongé dans les études de métaphysique et de religion et dans la lecture des livres qui en traitent, notamment des oeuvres de Wronski, dont il fut admirateur. Ces méditations furent traversées par de longues crises. de découragement, qui s'étaient déjà produites durant son apostolat saint-simonien. ...Il en sortit entièrement catholique et le resta jusqu'à la fin de sa vie. L'antique croyance lui donnait des réponses précises aux questions relatives à notre destinée finale et à la rétribution de nos mérites et de nos fautes, qui l'avaient tourmenté infructueusement quand il avait voulu les ré;souche par la science, et satisfaisait aux mystiques et artis-

tiques aspirations de son âme. La vie de communauté, consacrée soit à l'étude ou à la contemplation pure, soit au soulagement des: misères physiques ou mieux encore ,4 la réhabilitation des misères morales, lui paraissait volontiers, comme aux premiers chrétiens, l'idéal de perfection que .l'homme pût atteindre, quoiqu'il se soit toujours fait scrupule (le pousser personne au renoncement du monde, et cela faisait comprendre l'attraction que les écoles sociales avait eue autrefois pour lui. Il inclinait en matière de doc-

trine aux interprétations qui laissent une place à l'indépendance individuelle, et les efforts du père Lacordaire, plus tard ceux du père Gratry, qui fut son ami, pour concilier le catholicisme avec les tendances libérales et démocratiques des nations modernes eurent toutes ses sympathies. 11 accepta pourtant avec une complète et immédiate