Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 21]

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GÉOLOGIE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE.

GÉOLOGIE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE.

id, à Panié, elle a seulement pénétré dans la roche, d'après ce que l'on voit. Des veines de quartz lenticulaire, atteignant parfois

mais le peu d'abondance de l'or leur fit bientôt abandon-

de grandes dimensions et une régularité de filon, sont couchées dans les micaschistes parallèlement à leurs strates. Ces bancs de quartz sont presque toujours pyriteux, et ce

fait fut, il y a quelques années, la cause d'une fausse alerte, car on crut avoir trouvé de l'or ; c'était au village même de Panié. M. Bérard, ancien officier de marine, qui plus tard fut massacré par les naturels avec une dizaine de

ses compagnons, visitait cette petite tribu, lorsqu'il se trouva subitement en présence d'un filon de quartz pyriteux, au milieu des micaschistes ; la pyrite était d'un beau jaune d'or. 11 crut avoir trouvé le précieux métal, et surle-champ fit extraire de ce filon, à coups de marteau, tout ce qu'il lui fut possible de retirer avec ces outils impropres, transporta le tout à Nouméa, chef-lieu de l'île, où on lui fit connaître son erreur. Dans l'état de joie où cette découverte supposée avait mis l'infortuné Bérard, il combla de présents le naturel qui l'accompagnait dans cette excursion ; celui-ci avait gardé le souvenir de cette générosité, si rare

ordinairement de l'Européen au Kanak, aussi, lorsqu'il vit arriver dans sa tribu, peu fréquentée par les blancs, un capitani qui recueillait des pierres, il s'empressa d'accourir vers moi, parvint à m'expliquer les faits que je viens de

raconter et me conduisit vers ce quartz pyriteux, oit je reconnus, en effet, la trace des travaux de Bérard. Le filon de quartz a environ i mètre d'épaisseur et se dirige, comme les micaschistes, au nord 25" est, s'inclinant vers l'ouest. Les micaschistes de Panié contiennent aussi de nombreux cristaux cubiques de pyrites de fer.

Tribu de Pono. - Mines d'or. - Au nord de Panié on rencontre la grande tribu de Poêbo, dans laquelle, au mois de mars 1863, des chercheurs d'or trouvèrent le précieux métal dès les premiers pas qu'ils firent sur ce territoire ;

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ner ce point. Ces mineurs explorèrent alors les terrains dans

différentes directions, où leurs recherches furent encore moins heureuses. Le découragement s'empara d'eux, et presque tous abandonnèrent les recherches commencées, cependant, avec un certain succès ; il est vrai qu'ils renoncèrent à ces explorations, bien plus à cause de leurs faibles ressources et de leur nombre insuffisant que parce que la nature de la contrée leur offrait peu d'espoir ; je dirai même

qu'ils s'éloignèrent à regret de ces vallées qui devaient probablement contenir la richesse. Un seul d'entre eux, ancien mineur d'Australie et de la Nouvelle-Zélande, un Breton, avec la ténacité particulière aux hommes de ce pays,

éleva sur le terrain aurifère lui-même une petite case et continua assez longtemps les recherches. Je le retrouvai encore là au milieu de 186à, travaillant ferme, retournant la terre dans tous les sens., avec cette fiévreuse ardeur qui anime le chercheur d'or et décuple ses forces; mais quand il eût vu nos propres recherches infructueuses, fatigué enfin de vivre d'espérances et des racines que la générosité kanake lui octroyait, il cessa cette lutte et s'éloigna. J'ai déjà dit qu'a cause du manque de plaines en Nouvelle-Calédonie, l'or ne pouvait y être qu'en filons. Le docteur Clarke disait en 1851 « Comme la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande sont évidemment de simples sommets s'élevant au-dessus de la grande terre submergée, de laquelle les Cordillères

australiennes sont le parallèle principal, les roches les plus anciennes de toutes ces contrées étant identiques, on ne peut presque pas douter désormais que ces deux îles ne seront ajoutées à la liste des contrées aurifères. » (Plain statenzents, by W. B. Clarke, 1851, p. 6.) De nombreuses années se sont écoulées depuis que ce

savant géologue a prononcé ces paroles, et depuis, la Nouvelle-Zélande a découvert d'abord quelques parcelles TOME XII, 1867.