Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 22]

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GÉOLOGIE DE LA NOUVELLE-CALEDONIE.

du précieux métal; l'indécision et le doute ont flotté aussi sur ce pays, puis enfin des richesses réelles et indiscutables ont été mises à jour; le trayait et la persévérance avaient enfin surmonté les difficultés, En Nouvelle-Calédonie ju.squ'ici, on a été moins heureux, car le gîte aurifère de Poébo, et encore le plus important de notre colonie, et il est de beaucoup trop pauvre pour être exploité. L'or à Poêbo se trouve à 5 ou 4 kilomètres clans l'intérieur des terres;- le sentier qui y conduit traverse d'abord, suries rivages de la mer, des micaschistes grenatifères ; plus loin, on rencontre quelques collines couvertes d'une argile rouge, mais si l'on creuse cette argile, on met bientôt à découvert un micaschiste entièrement chargé de grenats ferrifères dont la décomposition produit l'argile elle-même ; une particularité de cette roche qui se transforme, c'est qu'elle affecte souvent la forme sphéroïde, et que, dans le centre de ces sphères, le grenat est moins abondant ; il y paraît remplacé par une matière quartzeuse et pyriteuse : ces sphères, au milieu des produits argileux et tendres, dus à la décomposition, sont remarquables par 'leur ténacité et leur dureté ; elles sont souvent recouvertes d'une couche de manganèse oxydé mamelonné De nombreux filons de quartz coupent ces micaschistes dans tous les sens, contenant des pyrites, beaucoup de titane rutile et de f épidote zoïsite. La direction des micaschistes est à peu près le nordnord-est. Ces collines argileuses débouchent enfin au bord d'une petite rivière torrentueuse, encaissée dans une vallée profonde, où l'on voit la couche d'argile qui renferme l'or, ar-

gile rouge, très-pâteuse, formant une couche de io 12 centimètres d'épaisseur seulement; elle recouvre les berges de la rivière, mais encore sur une surface très-limitée, car l'espace qu'elle occupe n'est que le fond d'un vaste entonnoir, vers lequel viennent converger les parois

GÉOLOGIE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE.

des hautes montagnes: environnantes ; la rivière recoupe naturellement cet entonnoir ; en amont, son lit est très-rapide, -rempli de cascades ; en aval, elle passe entre deux murs verticaux assez élevés : c'est une colline, contre-fort des montagnes voisines, à travers laquelle elle s'est frayé un passage.. Le lavage de la petite couche argileuse fournit quelques

paillettes d'or; celles-ci sont aplaties, leur surface est rugueuse et ravinée comme on l'observe pour l'or des filons; on y rencontre aussi des débris de quartz à angles vifs, enveloppés par l'argile et nue forte proportion de titane

rutile, de fer oxydé, pyrite«, de grenats et d'autres, cristaux non encore déterminés.

De cet état actuel des choses, il paraît résulter que-, pendant longtemps, les alluvions entraînées des différents points, des parois !intérieures du vaste cône renversé, arrivaient à la longue dans cette partie, la plus basse, où se trouvait probablement un lac avant que la rivière ne s'ouvrît un passage dans la colline qui forme l'entonnoir en aval; là, les parties légères et terreuses des alluvions étaient délayées et entraînées par les eaux pendant que les parties lourdes s'accumulaient dans le fond ; mais que de. siècles a fallu et quelle immense quantité de roches les eaux ont

dû entraîner', triturer et user pour fournir la petite quantité d'or que l'on trouve au fond de l'entonnoir; si l'on en juge par rabondance relative dans ce fond argileux du titane rutile mélangé à l'or et sa rareté au milieu des filon, de quartz environnants, de la désagrégation desquels, cependant, ce titane provient ! La couche argileuse aurifère diminue à mesure qu'elle

s'approche du lit de la rivière ; enfin, elle disparaît et se trouve remplacée par les sables et les blocs roulés du torrent. Me trouvant dans ces parages à une époque de sécheresse, j'entrepris de fouiller dans le lit même de la rivière jusqu'aux micaschistes en place ; j'établis les fouilles dans