Journal des Mines (1794-95, volume 2) [Image 151]

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comment le Marquenterre s'est de plus en plus desséché , comment de petites îles peu 'distantes,.

de la côte ont été réunies à la terre ferme, comment enfin la nier s'est éloignée de plusieurs villes, dont elle baignait autrefois Ces murs. Jules-César est le premier historien qui nous

ait transmis quelques notions sur cette partie de fa Belgique. 11 rapporte (18) cc que les Morins et les Ménapiens étant les seuls peuples de la Gaule

qu'il n'avait point encore soumis, il résolut de ., marcher cOntr'eux , mais qu'ils évitèrent sa pour, suite en se retirant , avec tout ce qu'As possé-

, daient , dans les bois et les marais dont leur pays était rempli., Il paraît que- ces marais n'étaient point constamment inondés , car l'année suivante , au retour de sa première invasion dans la Grande-Bretagne,

César attaqua de nouveau les Morins et les défit, parce que , dit-il , c les marais , au milieu desquels ils s'étaient retirés l'année précédente, étaient alors à sec. ii

Comme l'espace d'une année ne suffit point pour opérer le dessèchement d'une contrée où il est probable que les efforts de l'art ne secondaient point encore ceux de la nature ,. on doit conclure du récit de l'historien que lorsqu'il soumit la Belgique , la mer en couvrait quelquefois les côtes , et que l'état différent dans lequel il -trouva le pays des Morins , provenait de la diffé-

rente hauteur dés marées aux époques des deux expéditions qu'il fit contr'eux. Un autre passage des Commentaires vient à l'appui de cette conjecture. Il nous apprend (2o) ce que les habituas d'une partie de la Belgique n'étant point assez forts pour i-tsister aux légions

.;cle César

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,

se retirèrent, les 'uns dans la fort

des Ardennes et les marais adjacens ; les autres,. plus voisins de l'Océan , se cachèrent dans les îles que foime le reflux de la

Cependant Strabon, qui paraît avoir décrit la Belgique suivant la relation des Commentaires, et s'être attaché particulièrement à expliquer le fait dont il est question , après avoir dit cc que les Morins "se retranchent dans les bois dont leur pays est couvert, et qu'ils ont de petites îles au -rmilieu des marais, ), ajoute cc qu'il leur fut aisé de

» s'y réfugier dans un temps de pluie, et.d'éviter par là la poursuite des Romains auxquels ils furent

obligés de se rendre dans un temps de sécheAinsi ce géographe attribue la ) formation des îles qui servirent de retraite aux Morins, à des pluies extraordinaires, au lieu de l'attribuer au reflux de la mer. Cette explication dut en effet lui paraître d'autant plus vraisemblable , qu'il avait été à portée d'observer en Grèce >, resse ( 2 1

et en .halle des inondations périodiques produites par les causes qu'il, assigne , tandis que ne cOnnais-

sant les côtes de l'Océan que sur les rapports. d'autrui , il n'était pas lui-même famiiiarisé avec le phénomène des marées. La discussion dans 'laquelle nous venons d'entrer serait étrangère à notre objet, si le Marquenterre n'était point compris dans le pays des anciens Morins ; car alors', ce que César et Strabon nous ont transmis au sujet de. ces peuples ne pourrait

s'appliquer à l'embouchure de la Somme : mais quoique ces deux ,anciens auteurs n'aient point indiqué clairerrierit les limites entre lesquelles il était renfermé , plusieurs considérations prouvent que le Marquenterre faisait parte de son territoire.