Journal des Mines (1794-95, volume 2) [Image 150]

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qu'au bOUrrelet de galet qui servait alors de mite au rivage, et dom l'eXtrémité contournée par les vagues se repliait sur elle-même en forme de crochet (Li.). La première de ces digues, ouvrage de l'industrie des hommes , se retrouve encore aujourd'hui dirigée vers la colline d'Onival , qui, ayant cessé .par cette disposition d'être exposée à l'agitation des flots , commença de prendre un nouvel aspect. Les parties qui en furent détachées dans la suite se sont accumulées à sa base et ont formé le talus suivant lequel nous la voyons s'in 'aller du côté de la mer. On retrouverait encore, eu fouillant le pied de cette espèce d'enrochement, le galet qui gisait autrefois au bas-de cette ancienne falaise , lorsqu'elle' présentait une face abrupte tout-à-fait semblable à celle de la falaise actuelle du bourg d'Aulgt. Cependant la digue naturelle de galet a continué de s'étendre vers Cayeux, et l'on a continué de renclorre les molières ou prés salés à mesure que

par leur étendue ils ont présenté la certitude d'une exploitation 'avantageuse; mais combien a-t-ilfallu de temps pour amener les attérissemens de l'em-

bouchure de la Somme >à leur état présent ? A -quelle époque l'agriculture s'en est-elle emparée ( i 5)! C'est une question que nous n'aborderons pas avec l'espérance d'en donner une solution précise. Nous nous bornerons à proposer des -conjectures , et -nous le ferons avec d'autant plus de confiance , que nous aurons quelquefois oc-casion de les appuyer de témoignages que '.toire a disséminés de 'loin en loin dans la période ,qui nous reste à parcourir. Nous avons vu comment on s'est empressé de conquérir sur la mer les terrains d'alluvion -dont.

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il s'agit. Après que l'on eut élevé la première digue, -de nouveaux dépôts se formèrent à son extérieur, ils furent enfermés à leur tour , et ainsi de suite

jusqu'à ceux que la mer couvre encore aujourd'hui lors de certaines marées. Or, en parcourant les digues de rencMtures dont les bas champs de Cayeux et des villages voisins sont entrecoupés', on remarque que les terrains renclos Tes premiers, c'est-à-dire-, ceux que l'on trouve en remontant vers le bourg d'Aulgt sont inférieurs à ceux qui

ont été enclos depuis-; de sorte que la molière

qui s'étend à partir' du cap Cornu jusqu'à la pointe du Hourdel , est la portion la plus élevée de tout fattérissement dont elle fait partie.

Cette 'observation conduit naturellement à con dure que, pendant le temps qui s'est écoulé depuis l'établissement de la première digue , la surface

des eaux s'est élevée, ou que le fond de l'embouchure de la Somme s'est exhaussé. De ces deux explications , tout ce que nous avons dit jusqu'ici fait rejeter la première , puisque les monumens physiques et la tradition s'accordent à

prouver au contraire que le niveau des eaux de la Manche s'est abaissé de plus en plus. Il faut donc s'en tenir à la seconde. Elle est en effet justifiée par une multitude d'observations (i 6), et Simon Stevin, qui avait examiné dans les Pays-bas

les embouchures du IIhin et de la Meuse, l'a appuyée le premier d'un raisonnement puisé dans les lois de la nature, et qui lui donne en quelque sorte le caractère d'une vérité 'géométrique (i7). C'est par cet exhaussement de l'embouchure de la Somme sur ses deux rives , qui est lui-même

'le résultat des dépôts qui ont continué d'avoir lieu' à cette embouchure , que. l'on peut expliquer