Annales des Mines (1863, série 6, volume 3) [Image 179]

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THÉORIE DU COMPRESSEUR

Par conséquent, le travail développé pendant que l'air passe de la température T' à la température T sous pression constante sera h (n

- i')

nh

Ce travail s'ajoutera au travail

n

produit par la détente de l'air de n atmosphère à i atmosphère sans addition de chaleur. De cette manière on pourrait, par deux opérations successives, retirer d'un litre d'air com-

primé à n atmosphères un travail exprimé par knh

k-1 c'est-à-dire on pourrait accroître l'effet utile, obtenu par la seule expansion rapide, dans la proportion de i à k ou de à 1,41. Ainsi le travail développé par un litre d'air à 60tn,65 deviendrait 85km,7, et le travail développé par un litre d'air à °atm , 95 deviendrait 1671m,1.

Nous pensons qu'il ne serait pas impossible de trouver un moyen pratique pour utiliser ces 41 p. zoo de travail qu'on

perd actuellement. On pourrait, par exemple, reprendre l'air, après sa détente rapide, pour le faire agir dans un second cylindre, à l'imitation de ce qui se pratique dans les

machines à vapeur à deux cylindres de Woolf, ayant au préalable fait passer l'air, pour le porter à la température ambiante, à travers une série de tubes très-courts placés les uns à côté des autres, et dans les intervalles desquels circulerait un courant d'eau. L'air entrerait froid dans les tubes par le bas et en sortirait à la température ambiante par le

A COLONNE D'EAU.

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haut, d'où il passerait sous le piston du second cylindre. C'est un problème qui mérite d'être étudié par les personnes qui s'occupent de mécanique industrielle, en raison du profit que la pratique en pourrait tirer. Il importe de remarquer que la quantité de chaleur cédée par l'air aux corps environnants après la compression, pendant que celui-ci se refroidit, sous pression constante, dans le réservoir, est plus grande que la quantité de chaleur que l'air absorbe des corps environnants après la dila-

tation, lorsqu'il se chauffe, à pression constante, pour reprendre sa température primitive. Par exemple, dans la compression et détente de l'air à 6"-,65, tandis que l'air perd 2070,9 dans la première opération, il ne gagne que 119°,9 dans la seconde. Il en résulte que dans la suite d'opérations par lesquelles

l'air passe avant de revenir à son état primitif, il y a une certaine quantité de chaleur perdue, et partant une certaine quantité de travail mécanique équivalent perdu. Ainsi le compresseur, considéré conjointement à la machine qui emploie la détente de l'air pour produire un effet utile donné, forme un système mécanique dont l'effet est de transformer une portion du travail mécanique en chaleur.

Afin de tirer le plus grand parti possible de l'air comprimé, il faudrait pouvoir recueillir cette chaleur qui se perd et l'employer à chauffer l'air lors de sa détente. A cet effet, on pourrait refroidir l'air, après la compression, au moyen du même courant d'eau dont on se servirait pour chauffer l'air après la détente. Il faudrait pour cela que l'appareil où se fait la détente fût près de la machine où s'opère la com-

pression. Cette condition ne sera guère réalisable en pratique, puisque la destination de l'air comprimé dans l'industrie est le transport de la puissance motrice à distance.