Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 228]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

578

REVUE DE L'EXPLOITATION DES MINES.

durée minimum de trente ans pour l'exécution complète du travail. C'est donc à la question de temps que se sont attaqués les ingénieurs. C'est elle qui paraît résolue dans une mesure assez importante, quoique encore imparfaitement déterminée, parles appareils de M. l'ingénieur Sommelier. Ces appareils très-ingénieux, peut-être même un peu compliqués, sont cependant encore imparfaits au point de vue technique, en ce sens qu'ils agissent dans une direction horizontale constante, sans qu'on puisse profiter, autant qu'on le ferait avec le travail à la main, des facilités résultant des joints de la stratification ou des délits du rocher (*). Malgré cette imperfection, moins grave d'ailleurs avec les roches

recoupées jusqu'ici qu'il ne le serait avec des roches plus nettement stratifiées ou plus fissurées, il paraît établi que les appareils de M. Sommelier réalisent, sinon une économie directe dans les frais spéciaux par mètre courant, du moins une économie de temps

importante. Celle-ci, à' son tour, réagira puissamment, en fin de compte, sur le prix de revient définitif du travail, en diminuant la

somme des frais généraux et lès pertes d'intérêt; elle mettra d'ailleurs la compagnie du chemin de fer plus tôt en possession des avantages que son trafic doit retirer de ce travail. On estime aujourd'hui que le percement de la galerie directrice

va déjà plus de deux fois plus vite avec les percusseurs mécaniques qu'avec les fleurets à main, et l'on espère marcher plus rapidement encore. La même application de l'air comprimé, mais seulement à deux atmosphères, a été réalisée sur une échelle plus modeste applicable aux travaux ordinaires des mines, d'une part par M. Schwartzkopff,

de Berlin, et d'autre part sous les inspirations de M. l'Oberberghauptmann , baron de Beust , par M. Schumann, conservateur des modèles à l'Académie des mines de Freyberg (**). Dans la machine Schwartzkopff, le fleuret est indépendant de la

tige du piston à air. Celle-ci vient agir sur la tête du fleuret comme la massette du mineur. L'appareil, tel qu'il a été produit par l'inventeur, pèse 50o kil. ; c'est un poids trop considérable, et l'appareil est en outre trop encombrant. L'appareil Schumann ne pèse pas plus de 6o à 7o kil. et est plus (0) On peut consulter sur les travaux de percement du mont Cenis le rapport intéressant de M. Noblemaire , ingénieur des mines, inséré dans les Mémoires de la société des ingénieurs civils.

Cl Les machines Schwarzkopff et Schumann sont décrites dans le Berg-undHüttenmnnische Zeitung de MM. Bornemann et Bruno Kerl (1862. t'°, 2° et 4° liv.).

REVUE DE L'EXPLOITATION DES MINES.

379 facile à mettre en chantier. Le piston et le fleuret sont solidaires comme dans les machines Sommelier.

Les premiers appareils établis employaient deux hommes, un pour faire manoeuvrer la distribution en tournant une manivelle, l'autre pour surveiller la marche, changer les fleurets, etc. Depuis lors l'appareil a été perdu automatique, et un seul homme suffit au service.

L'appareil Schumann a été expérimenté dans le percement de la grande galerie d'écoulement de Freyberg, et l'on est arrivé à ce résultat qu'avec la même section de galerie et la même roche, on faisait une économie de temps de 53 p. 100. En revanche, la dépense par mètre courant a été plus considérable, l'économie sur la main-d'oeuvre du mineur étant plus que compensée par une dépense plus forte en poudre, ainsi que par les

frais d'entretien de la machine à comprimer l'air et de l'appareil lui-même.

Il est difficile qu'il en soit autrement dans l'exécution d'une galerie à petite section où l'on ne peut avoir en service qu'un ou deux appareils au plus, pour lesquels il faut cependant faire les frais d'établissement et de service d'une machine à comprimer l'air et d'une conduite de vent. Je ne pense donc pas que ces appareils deviennent d'un emploi courant dans les divers chantiers d'une mine ; mais ils pourront rendre des services réels dans les cas où la question de temps primera celle de la dépense. C'est en se plaçant à ce point de vue que, sur la proposition et d'après les projets de MM. Billiarz et Sachs, on établit en ce moment ce système à la mine de Moresnet, pour

exécuter une galerie à roche destinée à ouvrir un nouvel étage d'exploitation à un niveau inférieur aux travaux actuels. Préparation mécanique. Le lavage de la houille est, ainsi que je l'ai dit, une opération qui tend à se répandre de plus en plus.

Seulement elle est assez dispendieuse et occasionne un grand déchet. Ce déchet se compose d'ailleurs de deux parties : les pierres ou schistes, et les limons. La proportion de ces deux éléments varie essentiellement, selon la propreté du charbon sortant de la mine et selon son degré de friabilité. Sur un déchet de 20 p. 100 au lavage, on aura, par exemple, ma p. 100 de schistes et 8 p. ioo

de limon, ou parties égales de schiste et de limon, etc. Les schistes doivent en général être rejetés. Si le lavage est bien fait, ils ne retiennent en effet que fort peu de matière charbon-

neuse.

Quant aux limons, la pureté en est très-variable, selon la friabi-