Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 229]

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REVUE DE L'EXPLOITATION DES MINES. 58o lité du charbon et selon la nature des nerfs qui barrent la couche exploitée. Si ces nerfs sont des schistes durs passant au grès et si les charbons sont pulvérulents, les limons seront assez purs. Si au contraire les nerfs sont des schistes friables ou argileux, susceptibles de se délayer dans l'eau, et si les charbons sont grenus, les limons seront très-terreux. En outre, ils seront généralement beaucoup plus pyriteux que la houille soumise au lavage, parce que les pellicules de pyrite qui recouvrent souvent les faces des morceaux de houille sont facilement entraînées par le courant d'eau, pendant les oscillations du piston de l'appareil. Enfin la quantité des limons variera, pour un charbon donné, avec la nature de l'appareil do lavage employé ; et à ce point de vue, les appareils à déversement continu d'eau et de charbon sont inférieurs aux cribles à piston ordinaires fonctionnant d'une manière intermittente. Dans ces derniers cas, en effet, les limons se réduisent aux fonds de caisse, et l'on peut en diminuer la proportion en ayant soin de ne jamais curer la grille à fond, mais au contraire d'y laisser quelques centimètres de schistes.

En fait la teneur en cendres des limons peut varier entre 8 et Io p. toc) pour les plus purs, et 50,6o p. bu et plus pour les plus impurs.

Dans le premier cas on trouvera en général avantage à les recueillir et à les joindre au charbon lavé dont ils n'augmenteront pas beaucoup de teneur moyenne. Leur présence sera même utile, si le charbon doit être employé à l'agglomération ou à la carbonisation. Les produits obtenus seront ainsi plus compacts, plus résistants, d'un aspect plus marchand. Si les limons sont trop impurs pour être réunis au charbon lavé, on peut quelquefois en tirer parti en les employant, mélangés

avec une certaine proportion d'argile, à fabriquer des boules qui se vendent à bas prix pour le chauffage domestique. Mais souvent cette ressource fait défaut, et les limons sans emploi sont jetés aux déblais. C'est une perte importante de matière combustible qu'il convient d'éviter s'il est possible.

Des essais entrepris par les ordres de M. Beau, directeur des mines de la Grand'Combe, sur la proposition et sous la direction de M. Graffiti, ingénieur principal, ont montré que l'on pouvait ar-

river, par un lavage sommaire à l'eau courante, à isoler les pyrites, à entraîner les parties argileuses et à obtenir, à un état de pureté très-satisfaisant, une partie notable de la matière charbonneuse.

Ce lavage n'a pas lieu sans doute sans un assez grand déchet; mais si l'on considère que l'on opère sur une matière première à

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laquelle on peut n'attribuer aucune valeur, on comprend qu'il n'est pas nécessaire d'obtenir beaucoup pour couvrir, et au delà, les frais de main-d'oeuvre. Le système employé se compose d'un premier bassin dans lequel

on projette les limons à la pelle, en même temps qu'on les brasse fortement, sous l'action d'un courant d'eau, au moyen d'un petit appareil barboteur. La matière délayée est entraînée par le courant d'eau dans une rigole inclinée de 0'1,015 par mètre, de 100 mètres de largeur, coupée par quelques petites cascades. L'eau s'y meut avec une vitesse d'environ o',50 par seconde. Les

sables et les grosses pyrites se déposent au pied des premières cascades ; les pyrites fines cheminent dans l'eau avec une vitesse de 000 à 0'02, les charbons fins avec une vitesse de om,25, et enfin les limons proprement dits, ou matières terreuses fines, presque aussi vite que l'eau même dans laquelle ils sont en suspension.

Il suffit donc, après avoir bien délayé la quantité de matières qui constitue une lavée, de continuer l'admission de l'eau et de laisser le classement se faire sous l'action du courant. On arrêtera l'opération avant que la pyrite fine ne soit arrivée à l'extrémité du canal, ce qui

a lieu au bout d'un quart d'heure environ. A ce moment les matières charbonneuses seront depuis longtemps recueillies dans un deuxième bassin qui se trouve à la suite du canal, et les limons restés en suspension dans l'eau se seront échappés successivement

par une série de trous disposés sur une des parois de ce bassin comme au pied d'une caisse à tombeau. Deux enfants armés de balais et de raclettes nettoient la rigole, et l'on peut immédiatement après commencer une nouvelle lavée.

La matière soumise à ce lavage tenant au plus 5o p. 100 de

charbon pur, on obtient 35 p. 100 de charbon lavé tenant 7 à 9 p. 100 de cendres, résultat qui doit être regardé comme trèssatisfaisant.

Ce procédé de lavage à eau courante, avec action intermittente du courant, permet ainsi de tirer parti d'une matière composée d'éléments de forme et de densité trop variables et en même temps

d'une ténuité trop grande pour qu'on puisse les purifier, soit par criblage, soit par simple décantation. Il constitue un complément intéressant du travail des cribles à piston. Les charbons lavés retiennent une proportion d'eau qui est habituellement de plus de 8 ou10 p. 100, même après qu'on les a laissés égoutter pendant quelques heures. Cette eau n'est point en