Annales des Mines (1861, série 5, volume 19) [Image 28]

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FROTTEMENT DE GLISSEMENT.

Le fait de la variation du frottement avec la vitesse était

bien pressenti avant ces expériences et avait été indiqué comme devant exister ; mais il n'avait pas encore été, que je sache du moins, établi nettement et incontestablement, par des expériences précises et concluantes. Celles que je viens de rappeler l'ont été, assurément, bien qu'elles puissent laisser subsister quelques incertitudes de détail et de détermination numérique tout à, fait exacte.

Mais ces expériences n'ont établi le fait que dans un cas restreint, bien que dans plusieurs circonstances différentes. 11 restait à voir s'il se produit encore, et de la même manière, dans les autres cas de glissement. J'ai montré, par la discussion des résultats expérimentaux obtenus par M. Morin, d'une manière si remarquable et si précise, que cela paraissait probable. Néanmoins cette déduction ne pouvait tenir lieu de constatations expérimentales posiliyes.

D'ailleurs il semblait présumable , ainsi que je l'ai fait remarquer dans mon précédent mémoire, d'après les résultats des expériences comparatives de M. Poirée sur le frottement des roues calées et celui des sabots en fer, dans les mêmes circonstances, que la résistance au glissement n'est pas indépendante de l'étendue de la surface frottante, ou, ce qui revient au même, n'est pas exactement proportionnelle à la pression sous laquelle s'accomplit le glissement, au moins à grande vitesse, et d'autant plus que la vitesse augmente davantage. C'était encore là, du reste, un fait pressenti et indiqué antérieurement comme devant exister, non pas sans doute avec précision, mais d'une manière vague et un peu contradictoire, d'une personne à une autre, quant au sens de la variation.

11 restait donc à étudier ces questions et à les résoudre par des observations expérimentales positives

FROTTEMENT DE GLISSEMENT.

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et incontestables. Il convenait aussi de faire des déterminations, non plus seulement approximatives et indiquant seulement le sens des variations du frottement, mais exactes et donnant les valeurs précises de cette résistance dans les différents cas et circonstances bien

nettement définis. Enfin, cela fait, il y avait à examiner et à décider si l'on pouvait représenter par des formules acceptables les valeurs ainsi obtenues expérimentalement.

Tel a été le but des nouvelles recherches que j'ai entreprises et que, dans mon précédent mémoire, j'avais annoncé l'intention de faire, si je le pouvais.

Il- ne m'a pas été possible d'embrasser le problème ci,conswnees dans tonte sa généralité. Néanmoins, j'ai pu l'attaquer edesIsolnetsgeèleuse fait". et le résoudre, je crois, dans un assez grand nombre de cas et circonstances encore assez variés ; à savoir dans les cas de glissement, à toutes les vitesses comprises entre o et 25 mètres par seconde, du fer, à divers degrés de poli, et de différents bois, secs ou verts, ordinaires ou résineux, voire même du cuir et de la gutta-percha, frottant par surfaces de diverses grandeurs; toujours , il est vrai, sur rails en fer, mais sur

rails tantôt secs, tantôt mouillés, tantôt simplement humides, plus ou moins, quelquefois même huilés ; enfin, sur voie ordinaire et sur voie éclissée.

J'ai pu aussi étudier et résoudre, je pense, dans les diverses circonstances que je viens d'indiquer, la question controversée du frottement spécial au départ ou démarrage, question sur laquelle sont émises et ont cours des opinions contradictoires. J'ai été mis à même d'entreprendre et d'exécuter ce travail, d'abord par l'obligeance de M. le Directeur de la compagnie