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De Transcription | Bibliothèque patrimoniale numérique Mines ParisTech
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2 08

ENQUÊTE

OFFICIELLE

SUR

LA

CONDITION DES

OUVRIERS

en général, de reconnaître l'économie réalisée par l'ouvrier sur les matières premières qu'il emploie dans son travail, notamment sur le combustible. A la Vieille-Montagne, les primes sont d'une application générale; elles sont évaluées pour les mineurs d'après « le chiffre de l'avancement. » Mais une partie de la prime est réservée, pour former une masse, dont l'ouvrier a la propriété sans en avoir l'entière disposition. L'ingénieur en chef de Liège, qui doute de l'efficacité des primes comme mesure générale, approuve néanmoins cette institution : « Appliqué, — dit-il, — comme il l'est dans les établissements de la Vieille Montagne, ce système peut, jusqu'à un certain point, réaliser de bons effets, parce que la retenue d'une partie des primes diminue précisément le salaire que perçoit régulièrement l'ouvrier, et le met, à un moment donné, à la tête d'un petit capital qui lui facilite l'acquisition de choses utiles ot peut même faire naître en lui le goût de l'épargne en lui faisant éprouver la jouissance de posséder, C'est dans cette retenue que réside, selon moi, la véritable utilité de l'institution de la Vieille-Montagne. Si la prime en facilite l'application, parce qu'elle constitue une partie toujours plus ou moins aléatoire du salaire, elle n'est pas cependant, à cet égard, une condition essentielle; aussi je crois que la mesure pourrait très-bien être généralisée, en soumettant, dans tous les cas, l'ouvrier à former un fonds spécial, que l'on distribuerait à une époque déterminée de l'année, au commencement de l'hiver préférablement, en raison du zèle que chacun aurait montré. »

Nous manquons de documents pour établir l'état du personnel des exploitations libres de minerai de fer. La durée du travail à la surface est toujours de douze, quelquefois de treize, heures. Il en est de môme du travail souterrain, quand il a lieu seulement de jour; mais lorsqu'il se prolonge indifféremment pendant le jour et la nuit, la durée en est réduite à dix, quelquefois neuf et même huit heures. Ces exploitations occupent, en général, peu d'enfants et presque pas de femmes ; le salaire des jeunes gens y varie de i<,ab à l'.yô; celui des hommes faits de 2 francs à Quelques-unes récompensent, par l'octroi d'une prime, le travail accompli en sus d'uu minimum déterminé ; mais c'est exceptionnel.

V. — TRAVAIL DES FEMMES.

Les femmes sont employées, dans toute la Belgique, aux travaux des houillères ; c'est un fait normal ; les exploitations qui se passent

DANS LES MINES ET

USINES

DE BELGIQUE.

2 0(J

de leur concours n'occupent, en général, qu'une vingtaine d'ouvriers, souvent moins. Il n'y a que trois exemples de charbonnages plus considérables dont la direction observe aujourd'hui la même réserve: deux dans la province de Liège, aux limites du bassin houiller, et un seul dans la province de Hainaut, la plus riche en charbon, celui de Bernissart, dont l'importance est relativement médiocre (quoiqu'il compte Z100 ouvriers), dans une contrée où trente exploitations en emploient plus de 1 000, parmi lesquelles huit dépassent a 000 et une (celle des Produits de Jemmapes) atteint un personnel de k 5oo 1 Les femmes fréquentent également, et même en plus grand nombre, les exploitations de mines métalliques; mais elles n'y sont employées qu'aux travaux du jour. Les ateliers de préparation mécanique de la Nouvelle-Montagne occupent autant de femmes que d'hommes. Elles sont rarement admises dans les exploitations libres de minerai de fer. La proportion du nombre des femmes, dans le personnel des charbonnages de Belgique, est de i5 p. 100 environ (i3,846sur ga,55o). Dans le Hainaut, qui compte à lui seul 69,000 ouvriers, elle atteint presque i5 p. 100. En revanche, elle descend dans la province de Namur, qui ne renferme, il est vrai, que 2 000 mineurs, à n 1/2 p. 100, et, dans celle de Lîége, qui en compte plus de 20000, elle ne dépasse pas 12 p. 100. Ces différences s'accentuent davantage, lorsqu'au lieu de prendre le rapport sur la totalité des ouvriers, on recherche spécialement la proportion du nombre des femmes employées aux travaux souterrains. Elle s'élève à 17 p. 100 dans la province de Hainaut, tandis qu'elle descend à 6 p. 100 dans celle de Liège et au-dessous de 5 p. 100 dans celle de Namur. On s'explique, en comparant ces chiffres, queies ingénieurs des diverses localités n'abordent pas avec la même hésitation le problème de la suppression totale de l'emploi des femmes à l'intérieur des mines. L'ingénieur en chef directeur des mines de Liège ne considère pas ce problème comme « insoluble pour cette province, où la grande diversité des industries offre aux femmes de nombreux moyens de s'occuper de travaux mieux appropriés à leur sexe. » Un ingénieur en chef de Mons pensait, au contraire, malgré le souvenir qu'il a laissé dans la province de Hainaut, par de nombreux services rendus à l'industrie et à la classe ouvrière, qu'une pareille mesure « priverait injustement un grand nombre de familles DÉCRETS,

1870.

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