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GÉOLOGIE

A la suite d'une rixe sanglante qui prit naissance pendant une procession dans la ville même de CastroVireyna, les mineurs les plus riches s'intéressèrent dans

la querelle et se rendirent à Lima pour soutenir un procès devant les tribunaux supérieurs. Le travail des mines souffrit nécessairement de cette absence des pa-

trons; les administrateurs, qui n'étaient pour la plupart que des chefs-ouvriers, n'avaient plus assez d'influence pour retenir auprès d'eux les Indiens envoyés à peu près par force des provinces environnantes; ceux qui ne parvenaient pas à s'échapper cessèrent bientôt de suffire à l'assèchement des mines, et les plus riches, qui étaient en même temps les plus profondes, ne tardèrent pas à se remplir d'eau jusqu'au niveau des lacs ou des plateaux. Lorsque les propriétaires revinrent et

voulurent porter remède au mal, il n'était déjà plus temps. C'est alors qu'on entreprit de vastes galeries d'écoulement dont on voit encore aujourd'hui les nombreux vestiges et dont l'achèvement aurait sans doute assuré un long avenir à toutes les mines où ces galeries

étaient praticables, quand une maladie épidémique, qui paraît avoir été une sorte de tétanos aigu, emporta en quelques semaines la plus grande partie des travailleurs. Les intendants du Cuzco, d' Ayacucho et de Jauja s'empressèrent de réunir de nouveaux contingents ou mitas et de les diriger vers le district minéral; mais telle était la terreur superstitieuse des malheureux Indiens condamnés ainsi au travail des mines, que ceux qui ne parvenaient pas à s'échapper pendant le voyage refusèrent absolument de marcher et se laissèrent fusiller par les soldats chargés de les escorter plutôt que d'aller à Castro-Vireyna, où l'épidémie s'était personnifiée pour eux sous la forme d'un démon qui rongeait le coeur. Toutes ces circonstances réunies déterminèrent peu

DU PÉROU.

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à peu l'abandon complet du minéral. Cependant, à diverses époques, on fit quelques tentatives qui toutes demeurèrent infructueuses : c'est ainsi que vers la fin

du siècle dernier un ingénieur espagnol, muni d'un crédit illimité, entreprit l'assèchement de la mine d'Astuhuaraca restée célèbre entre toutes pour la richesse

de ses minerais qui étaient d'argent presque massif. Renonçant à l'ancien système qui consistait à extraire l'eau à dos d'hommes dans des sacs de cuir d'une contenance de 5o à Go litres, il installa des pompes à bras et commença tout à la fois l'épuisement et le nettoyage de la mine que, je ne sais pourquoi, on avait remblayée presque en totalité avant l'abandon. Après deux ans d'efforts inutiles et une dépense de 5o à 6o. 000 piastres, le travail fut suspendu. On parlait bien encore quelque-

fois de toutes ces richesses enfouies ou noyées; mais l'absence complète de ressources dans une localité située presqu'au niveau des neiges éternelles, les guerres de l'indépendance et plus tard les guerres civiles qui désolèrent le Pérou pendant plus de vingt années,

paralysèrent tous les efforts d'une industrie privée d'ailleurs des bras, des capitaux et des connaissances nécessaires. Pendant les six dernières années qui viennent de s'é-

couler, l'énergie du général Castilla , président de la république, est parvenue, pour la première fois depuis la déclaration de l'indépendance, à maintenir la tranquilité intérieure, et c'est de cette époque seulement que datent les rares tentatives industrielles de ceux des Péruviens qui ont su comprendre que tout l'avenir des provinces montueuses, où l'agriculture et le commerce sont nécessairement limités à la consommation locale, dépendait de l'exploitation des innomblables gîtes métallifWes presque délaissés pendant plus de trente ans.