Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 246]

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DISTORIQUE

dans la direction du puits Thevenet, et servit ainsi que la première à l'exploitation de la houille;

mais l'aérage qui avait lieu au moyen de caisses devenant très-difficile, on suspendit les travaux entrepris à la hauteur de ces deux galeries, et on

les reporta vers le puits Moïse qui se trouvait alors en creusement. Toutefois on eut de grandes difficultés à vaincre. Les lampes de sûreté n'étaient pas encore connues, et .on n'avait d'autre moyen

de se débarrasser du gaz inflammable dont la mine était infectée qu'en le faisant détoner. Pour cela, deux ouvriers, dits canonniers, descendaient dans les travaux quelques heures avant leurs camarades, avec des habits de forte toile, et la tête couverte d'une espèce de capuchon. Ils s'avançaient à une certaine distance des fronts de taille, et tandis que l'un d'eux se tenait caché dans une galerie voisine, l'autre armé d'une perche portant une mèche allumée à son extrémité s'approchait en rampant jusqu'à ce que la flamme de la mèche commençât à s'allonger. Alors il se couchait la

face contre terre après avoir mouillé ses vêtements, et élevait la perche jusqu'au faîte de l'exca-

vation. Il se produisait une forte détonation qui avait souvent pour effet de blesser grièvement le canonnier. Celui-ci. était secouru par son camarade; il était quelquefois projeté à plusieurs mètres par la force de l'explosion. Le danger était moins grand dans les galeries spacieuses et peu inclinées. Quand le grisou se trouvait accumulé au fond de galeries étroites et pentives, on fixait une petite poulie à l'endroit où l'on supposait qu'était logé le gaz, et on entourait la gorge de cette poulie d'une corde, à l'extrémité de laquelle était attachée une planche portant une lumière.

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Cela fait on se plaçait à. une certaine distance, et

on tirait la corde jusqu'à ce que l'explosion eût lieu. On aurait rendu ce service moins dangereux en faisant détoner le gaz fréquemment. Les canonniers recevaient de 6 à 8 francs par journée de deux à trois heures. Entraînés par l'appât de ce salaire, de bons ouvriers acceptaient ces dangereuses fonctions dont ils étaient souvent victimes. Les grands accidents arrivaient toujours le lundi et, en effet, .il survenait la plupart du temps pen-

dant le chômage du dimanche des éboulements qui rendaient la circulation de l'air moins active, et produisaient par suite une plus grande accumulation de gaz. La communication du puits d'Egarande avec le puits Moïse fut établie en 1820 et faérao,e devint momentanément meilleur ; mais au fur et à mesure que les ateliers d'exploitation s'éloignaient du chemin d'air, il en résultait autant de culs-desac où le gaz pouvait s'amasser. On se souvient de trois ou quatre explosions dues soit à la négligence des canonniers, soit à l'abondance du grisou, qui .causèrent la mort de douze à quinze hommes. On eut aussi à lutter -contre des incendies qu'on ne pouvait éteindre qu'en fermant les deux puits. L'usage des lampes de sûreté, dites de Davy, date de 1826. Grâce à l'efficacité de ces lampes, et aussi à l'amélioration de l'aérage résultant du percement des massifs, il n'y a pas eu de graves accidents depuis cette époque. Le puits d'Ég-arande a atteint les bâtardes, en 1832, à 3o9 mètres du jour. Une galerie à travers bancs, ouverte à une profondeur de 326 mètres, rejoint ces couches dans leur aval pendage à 3o mètres

Tome XII, 1847.

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