Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 276]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR. a oo

RAPPORT .Sur une explosion de chaudière à vapeur arrivée,

le 7 mai 1847, chez le sieur Gibert, fabricant de ressorts, rue Saint-Denis , à la Villette; Par M. H. DE SÉNARMONT, ingénieur des mines.

Le sieur Berges, fabricant de ressorts, rue Saint-Denis, à la Villette, a été autorisé, par ordonnance du i septembre 1845, à faire usage d'une chaudière de 3m."',33 de capacité, fonctionnant à 6 atmosphères. Le fourneau était enterré sous un hangar particulier, séparé de l'atelier par le massif de la machine et par le trou du chauffeur. L'axe du fourneau était parallèle à la longueur de l'atelier. Le générateur fourni par le sieur Boguet avait,

au lieu de 3',33, 3m."',97 de capacité; niais il portait seulement le timbre de 5 atmosphères; il était d'ailleurs fort mal construit; les tubulures et les clouures fuyaient de toutes parts. Le sieur Gibert , successeur de Berges, qui monte en ce moment un second atelier avec une force motrice beaucoup plus considérable, a cherché d'abord à gagner du temps en faisant réparer cet appareil; mais comme les réparations elles-mêmes étaient inutiles, il a jugé à propos de le remplacer provisoirement par une chaudière de hasard que lui a fournie le sieur Rauch, chaudronnier,. rue de la Roquette, 55. Celle-ci avait environ 4m.cub,60 de capacité et portait le timbre de 6 atmosphères. Le déplacement de l'ancienne chaudière, l'établissement de la nouvelle , n'ont, à ce qu'il paraît,

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été terminés que vers le 5 mai 1847, et le 7, à neuf heures trois quarts du matin, après le déjeuner des ouvriers, quelques minutes avant la reprise des travaux, cette chaudière ( A , fig. 5, 6 et 7, Pl. _XF) a fait une explosion épouvantable. Le hangar qui la recouvrait a été anéanti: Le mur de clôture sur lequel il s'appuyait, et qui longeait la voie publique, a été renversé ; le fourneau a été bouleversé de fond en comble ; les deux bouilleurs sont demeurés à peu près en place sous les décombres, mais la chaudière s'est partagée en trois parties : l'une d'elles D, a été projetée dans la rue Saint-Denis; la seconde C, sur un toit ; et la troisièmeB, de beaucoup la plus considérable, a été lancée dans le sens de son axe, du côté de

elle a brisé sur son passage une partie du volant de la machine, trois grandes meules en grès, plusieurs outils , des transmissions de mouvement et l'un des poteaux en bois qui portaient la toiture. Les fragments très-lourds du volant, d'énormes débris de meules, des morceaux de bois, de fer, des matériaux de toute espèce ont été lancés dans toutes les directions par le choc de cette masse énorme. Le chauffeur, qui venait de rentrer dans la cham-

bre de la machine, a été projeté, au travers de la toiture, à une grande hauteur, et son corps brisé a été retrouvé en E(fig.5) à oo mètres dans un jardin maraîcher. Tous les ouvriers en ce moment dans

l'atelier, et un employé du chemin de fer de Lyon qui s'y trouvait également, ont été atteints plus ou moins grièvement : deux d'entre eux, entraînés par la chaudière, ont été retrouvés dessous; trois autres ont été tués par la chuté des matériaux

ou par la pluie de projectiles qui rayonnait de