Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 275]

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EXPLOSION DE LA CHAUDIÈRE 548 si elle n'avait pas été détériorée dans l'intervalle, il eût fallu que la vapeur acquit subitement, pour déterminer l'explosion, une force élastique de 7 à 8 atmosphères au moins, à laquelle correspond une température d'environ i 7o°, qui dépasse de 410 la température primitive. Rien n'autorise à supposer que l'eau liquide puisse acquérir un tel excès de température sur celle de la vapeur qui la presse. On conçoit au contraire que la projection de l'eau sur les parois suréchauffées du réservoir de vapeur, au moment de la mise en train, puisse donner lieu à une formation très-rapide de vapeur,

à une température intermédiaire entre celle des parois échauffées et de l'eau sous-jacente, et à la pression correspondante. Cette hypothèse fournit une explication plausible des explosions qui ont

lieu si fréquemment lors de la mise en train. Telle est peut-être la cause de l'explosion de la

chaudière du Concurrent. Quelques-uns des tubes

calorifères de la rangée supérieure ont pu être émergés par l'inclinaison du bateau à l'escale, combinée avec un abaissement trop grand du niveau de l'eau. Peut-être aussi la chaudière avaitelle été prédisposée à la rupture par l'altération du métal, sous la pression simple de la vapeur, qui a pu être augmentée par une surcharge des soupapes de sûreté; il y a plusieurs motifs de penser que cette contravention a été commise assez fréquemment, quoiqu'on n'ait pu la con-

Conclusions.

stater. Quoi qu'il en soit, la forme des grands conduits de la flamme et de la fumée était vicieuse, et la

conséquence pratique à tirer de l'accident du 3 juillet, c'est qu'il convient de ne pas autoriser désormais à naviguer, pour faire un service de

DU BATEAU A VAPEUR LE

CONCURRENTe5. 549

passagers, des chaudières ayant des tubes intérieurs

d'une construction analogue, et qui devraient fonctionner sous une pression effective de plus de 1/2 atmosphère, lors même que ces chaudières

auraient convenablement supporté la pression d'épreu ve.

MM. Cochot frères ont renoncé à réparer la chaudière du Concurrent, n° 5, de sorte que la commission de surveillance de Paris n'a pas eu à se prononcer, depuis l'accident du 3 juillet i846, sur la convenance de délivrer un permis de navigation pour un bateau portant une chaudière de cette forme.

J'estime qu'il y a lieu de porter à la connaissance du public les faits relatifs à l'explosion de la chaudière du bateau à vapeur le Concurrent, par l'impression du présent rapport et la gravure des dessins qui y sont joints, dans les Annales des mines et les Annales des ponts et chaussées. La Commission centrale des machines à vapeur,

dans sa séance du ii juillet 1847, après avoir entendu lecture du rapport ci-dessus et en avoir délibéré, a approuvé ce rapport et en a adopté les conclusions.